Pour reprendre une métaphore en vogue, les unions régionales des médecins libéraux (URML) souhaitent changer de braquet.
Non pas travailler davantage (leurs contributions sont aussi diverses que méconnues), mais mieux communiquer sur quelques dossiers prioritaires qui concernent les médecins de ville. Telle est en tout cas l'ambition du Dr Pierre Monod, successeur du Dr Patrick Brézac à la tête de la Conférence nationale des présidents d'URML. « Nous voulons professionnaliser notre travail, anticiper et proposer,pas seulement réagir et protester, explique-t-il . Actuellement, on ne médiatise pas assez nos idées. » C'est un fait : les 26 unions régionales, créées par une loi de janvier 1993 pour contribuer notamment à la promotion de la qualité des soins, ont souvent publié des travaux originaux, sur la démographie par exemple, mais en ordre dispersé. Et donc, sans aucun écho national. Un gâchis. Tout en s'appuyant sur l'expertise technique de chaque union régionale, c'est ce rôle de coordonnateur et de porte-parole qu'entend jouer la Conférence nationale des présidents d'union sur quelques dossiers.
Evaluation: une « obligation de réussite »
Premier chantier : l'évaluation des pratiques professionnelles (EPP) des médecins libéraux. A l'heure où le gouvernement demande à la profession de presser le pas, les unions affirment que la démarche est sur de bons rails. Et va monter en puissance. Neuf mois après le lancement de l'expérimentation dans quatre régions pilotes, le bilan d'étape de l'EPP serait « très encourageant ». Entre 120 et 140 cycles complets d'évaluation individuelle sont terminés, avec des réactions positives des premiers médecins volontaires. « Les quelques critiques portent sur les référentiels et les grilles de lecture », précise le Dr Bernard Ortolan (CSMF, Ile-de-France). Dans les 26 spécialités, on manque cependant de médecins habilités (évaluateurs) et de référentiels adéquats. « On ne pouvait pas aller plus vite, nuance le Dr Monod. Le processus reste expérimental : nous avons une obligation de réussite car c'est un des éléments de la démarche qualité. » Un bilan précis de l'EPP sera dressé en octobre à l'occasion d'un colloque sur ce thème conclu par le ministre de la santé.
Autre dossier chaud : la responsabilité civile professionnelle (RCP). Aidées par un juriste, les unions ont élaboré un projet pour sortir de l'impasse et éviter la « catastrophe ». La mesure phare consisterait à partager avec l'assurance-maladie et les assurés une partie du risque civil professionnel qui pèse sur les médecins et les cliniques en créant une seconde section de l'ONIAM (Office national d'indemnisation des accidents médicaux). Cette section ne couvrirait que les préjudices subis par les patients « en cas de fautes médicales autres que les fautes inexcusables et intentionnelles ».
Les unions ont l'intention de s'exprimer sur plusieurs autres sujets : les systèmes d'information, le dossier médical partagé ou encore la régionalisation. « On est sérieux, martèle le Dr Monod. On veut bousculer le langage convenu, on a un rôle de réveil... »
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