LE 6e CONGRÈS national des unités de consultations et de soins ambulatoires en milieu pénitentiaire (Ucsa) se tiendra à Nantes du 3 au 5 mai*. Placées sous l'égide du Collège des soignants intervenant en prison (Csip) et organisées par l'Association des professionnels de santé intervenant en prison (Apsep), ces journées devraient rappeler que l'intervention médicale se fait dans un contexte d'enfermement, auprès de patients que l'univers carcéral «rend plus vulnérables que l'ensemble de la population».
VHC, VIH, toxicomanies (30 % des détenus), problèmes psychiatriques (un prisonnier sur cinq) et dentaires sont les pathologies les plus fréquentes auxquelles se trouvent confrontées les Ucsa. «Une part importante de délinquants sexuels», avec ce que cela signifie en matière de vieillissement de la population carcérale, complète le tableau, dit au « Quotidien » le Dr Pierre-Yves Robert, responsable de l'Ucsa de Nantes, vice-président de l'Apsep et du Csip. Or, pour les détenus âgés, parfois porteurs de handicaps, la prise en charge est délicate, compte tenu de l'absence presque généralisée d'ascenseur, de sonnettes dans les cellules ou encore de douches et de toilettes adaptées. Tout n'est pas du ressort des Ucsa, mais il leur faut bien être présentes un peu partout, y compris aux côtés des 26 services médico-psychologiques régionaux qui croulent sous les troubles mentaux, notamment des agresseurs sexuels.
Prévention et suivi.
Mise en en place par la loi du 18 janvier 1994, qui a fait entrer l'hôpital dans les 184 prisons françaises, l'Ucsa oeuvre également sur le terrain de la prévention. «On s'y met avec des ateliers tabac, sommeil, diététique, hépatiteC, etc.», témoigne le Dr Robert. Mais, là encore, le temps fait défaut. Les infirmières, «cheville ouvrière» de la prophylaxie, sont à la peine, bien que plus nombreuses que les médecins. «Quand on réunit dix prisonniers, c'est un succès!»
A ces responsabilités s'ajoute théoriquement la continuité des soins à la sortie des établissements pénitentiaires. «La tâche est assurée avec les condamnés (centres de détention) –on prend contact avec leur médecin traitant–. En revanche, elle est presque impossible dans les maisons d'arrêt, où l'on ne sait rien des détenus et de leur sort.»
Le Dr Robert souligne que la médecine en milieu carcéral s'exerce en pleine indépendance. «Le praticien n'est pas un auxiliaire de la pénitentiaire, qui répondrait à l'injonction d'un directeur de soigner tel patient plutôt que tel autre, mais un partenaire.» Un partenariat qui ne néglige pas l'éthique et s'exerce selon des lignes budgétaires hospitalières strictes et souvent contraignantes.
* Cité des Congrès, rue de Valmy. Renseignements : 04.95.09.38.00 (MCO congrès), www.chu-nantes.fr.
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