Le risque d'arythmie chez le sportif est lié aux modifications du système nerveux autonome qui régulent le système cardio-vasculaire. On peut les observer au cours de l'exercice physique (par stimulation du système sympathique avec libération de catécholamines et inhibition du système parasympathique), surtout si l'exercice est intense ou prolongé (avec déshydratation et modification des concentrations de magnésium et de potassium), ou lors de la récupération. Dans ce cas, c'est le « coup de frein » brutal lié à la réapparition de l'action du système parasympathique qui est en cause, alors que persistent des taux élevés de catécholamines dans la circulation.
Certains facteurs favoriseraient la survenue de troubles du rythme
« Il n'est pas démontré actuellement que les troubles du rythme soient plus fréquents chez le sportif pratiquant une discipline plus de dix heures par semaine que chez le non-sportif, relate le Dr François Carré. Il en est de même pour le joueur de tennis qui n'est pas davantage exposé au risque d'arythmie que les spécialistes d'autres disciplines. » En revanche, certains éléments, bien argumentés actuellement, peuvent favoriser la survenue des troubles du rythme chez le sportif. C'est le cas des vétérans (âgés de plus de 50 ans), chez lesquels a été mis en évidence un pourcentage de troubles du rythme supraventriculaires plus élevé que dans la population du même âge et sédentaire. L'augmentation de la taille des oreillettes pourrait expliquer cette différence. Par ailleurs, l'entraînement sportif provoque une baisse des défenses immunitaires, ce qui peut favoriser le développement de petits foyers infectieux, tels que des myocardites, à l'origine de foyers arythmogènes. Enfin, des expérimentations chez l'animal montrent que la stimulation permanente du myocarde par les catécholamines entraîne la formation de foyers de fibrose qui peuvent favoriser la survenue d'arythmies.
En pratique, des troubles du rythme symptomatiques ne doivent jamais être sous-estimés chez le sportif. En effet, explique le Dr Carré, « la survenue d'un trouble du rythme ventriculaire sévère chez un jeune sportif révèle souvent une maladie arythmogène du ventricule droit, alors que chez le vétéran il peut révéler une maladie coronarienne. La découverte de ces troubles du rythme requiert un avis spécialisé avec un bilan cardiologique (ECG de repos, épreuve d'effort, échocardiogramme) ». On peut aussi souligner l'intérêt des cardio-fréquence-mètres qui permettent une mesure fiable de la fréquence cardiaque au cours de l'effort : une augmentation brutale et inappropriée de la fréquence cardiaque lors d'un effort fait suspecter fortement un trouble du rythme, dont le plus fréquent et le plus sévère est une tachycardie ventriculaire. Enfin, la découverte d'un trouble du rythme grave est le plus souvent une contre-indication à la compétition sportive.
D'après un entretien avec le Pr François Carré, service d'explorations fonctionnelles, unité biologie et médecine du sport, CHU de Rennes.
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