Pas de surprise quant au profil général du laryngectomisé : il s'agit d'un homme (94 %), ancien fumeur (86 %), âgé de 40 à 70 ans (87 %) et utilisant la voie sophagienne (67 %).
Le diagnostic n'est ressenti comme une injustice que par moins de 50 % des patients, mais l'ensemble du panel insiste sur la nécessité d'une bonne prise en charge psychologique, en particulier au moment de l'annonce de la décision thérapeutique, qui est une surprise pour 61 % des patients. Pourtant, les futurs laryngectomisés ne sont accompagnés au plan psychologique que dans 6,4 % des cas. Non proposé dans 38 % des cas, ce type de prise en charge est même refusé par 4 patients sur 10. Au retour à domicile, une prise en charge psychologique existe cependant dans 11 % des cas. Dans cette optique d'accompagnement psychologique, 45 % des patients auraient souhaité parler à un médecin hospitalier, 47 % à leur médecin traitant et 10 % à un psychologue.
Des troubles de l'odorat et du goût
Au premier plan des troubles secondaires, à côté de la trachéotomie et de la perte de la voix : les troubles de l'olfaction (80,5 %) bien souvent ignorés par la profession, suivis des troubles du goût (63,4 %). C'est ainsi que si seulement 18,1 % des patients conservent un odorat intact, l'olfaction étant modérément altérée chez 23,7 % et fortement chez 56,8 %. Quant au goût, s'il reste stable chez 35,2 % des patients, il est modérément perturbé chez 42,5 % des patients et fortement chez 20,9 %.
Pour l'un et pour l'autre, des liens statistiques potentiels avec un certain nombre d'autres facteurs ont été recherchés. Aucune relation n'a été constatée entre les troubles de l'olfaction du laryngectomisé et son âge, son sexe, ses antécédents rhinologiques, son tabagisme, qu'il soit arrêté ou poursuivi, la radiothérapie et la prothèse phonatoire. En revanche, des corrélations existaient avec l'appétit, les troubles de la déglutition, la rhinorrhée postopératoire, la chimiothérapie ou encore l'apprentissage d'un moyen pour sentir. Les troubles du goût étaient, quant à eux, corrélés avec ceux de l'odorat, mais aussi avec la présence de mycose, de troubles de l'alimentation et avec ceux de l'appétit. Ils ne l'étaient pas avec l'âge, le sexe, le tabagisme, la radiothérapie et la chimiothérapie.
Respiration, mobilité cervicale, audition et alimentation
Viennent ensuite les difficultés respiratoires (55 %), la diminution de la mobilité cervicale (52 %) et les troubles otologiques (de 20 à 35 %).
Peu de modifications de l'audition ont été rapportées et un catarrhe tubaire n'a été signalé que par 5 % des laryngectomisés. Une pathologie vertigineuse existait chez 1 patient sur 5, essentiellement corrélée avec les troubles de la mobilité cervicale. Des douleurs scapulaires ont également été évoquées par 1 patient sur 3.
Parmi les malades qui se plaignaient de troubles respiratoires postopératoires, 15 % en présentaient déjà avant l'intervention. Enfin, 52 % des malades avaient des difficultés à avaler les aliments solides (18,2 % en permanence, 17,4 % fréquemment et 16 % rarement), 16,7 % des patients avaient du mal à avaler l'alimentation mixée et 12,9 % l'alimentation liquide.
D'après la communication de L. Tavernier et coll., CHU de Besançon.
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