ON SAIT QUE le pronostic de l'hépatite B a été transformé par l'arrivée de la lamivudine, puis par celle d'un autre antiviral, l'adéfovir. Cependant, la précocité de la très grande fréquence des résistances à la lamivudine a largement affaibli la portée de ce progrès. C'est dans ce contexte que les nouvelles données présentées à Barcelone sur l'entécavir apparaissent très favorables.
En premier lieu, peut-être, par la confirmation après quatre ans de traitement de la persistance du faible taux de résistance observé chez des patients naïfs, c'est-à-dire n'ayant pas reçu avant l'entécavir d'analogues nucléosidiques. En effet, l'analyse de six études, dont trois effectuées chez des patients naïfs, montre que moins de 1 % des patients ont présenté un échappement virologique en raison d'une résistance à Baraclude au cours de la troisième année de traitement, un pourcentage qui reste identique au cours de la quatrième année. On remarque que, chez les patients qui ont déjà reçu de la lamivudine, l'échappement virologique lié à une résistance à Baraclude est plus important (15 % à la quatrième année).
Ces observations cliniques semblent corroborer l'originalité de l'entécavir en termes de barrière pharmacologique et génétique à l'émergence de résistance. En effet, la puissance antivirale prolongée du produit alliée au fait que trois mutations différentes de virus sont nécessaires pour créer une résistance à Baraclude semblent être des éléments qui mettent à l'abri de l'émergence de résistances à court et à moyen terme.
Une reprise de traitement sans problème.
Les premiers patients traités par entécavir avaient, dans le cadre de plusieurs essais cliniques, vu leur traitement interrompu : il s'agissait de patients AgHBe négatifs et naïfs d'analogues nucléosidiques qui avaient reçu de l'entécavir, interrompu le traitement, et devant le reprendre en raison d'une charge virale à nouveau détectable, le délai étant supérieur à 60 jours. Une étude présentée à Barcelone montre que, dans de tels cas, la reprise du traitement par Baraclude procure une réponse virologique comparable à celle observée avant l'interruption de traitement, 93 % des patients présentant une charge virale indétectable et 83 %, une normalisation des enzymes hépatiques après 48 semaines de traitement. La tolérance est, elle aussi, comparable et bonne (Dr H. Senturk, Istanbul).
Une puissance antivirale confirmée.
On l'a dit, l'entécavir se caractérise par une puissance antivirale rapide et marquée, ce qui est un atout en termes de sélection de résistance, mais aussi, selon des travaux asiatiques, pour prévenir une évolution défavorable de l'hépatite.
Nancy Leung (Hong Kong) a présenté les résultats d'une étude qui confirment, à 48 semaines, que l'entécavir entraîne une diminution plus importante de la charge virale que l'adéfovir chez des patients AgHBe positifs et naïfs aux antiviraux. Notamment, 58 % des patients traités par entécavir, contre 19 % de ceux recevant de l'adéfovir, ont atteint une charge virale indétectable (moins de 300 copies/ml). La diminution moyenne de la charge virale statistiquement supérieure dès la 12e semaine de traitement (p < 0,0001) reste plus importante à la 48e semaine. Enfin, la tolérance des deux produits est équivalente, qu'il s'agisse des effets secondaires modérés ou sévères. Il est à noter qu'aucun des patients traités par entécavir n'a dû arrêter le traitement en raison d'événements indésirables.
Conférence de presse et symposium organisés par BMS dans le cadre du 42e Congrès annuel de l'Easl (Barcelone).
Deux tiers des hépatites B ne sont pas traitées
On sait que le nombre des hépatites B est passé de 150 000 à quelque 300 000 cas, dans notre pays. Même si cette progression est multifactorielle (meilleur diagnostic, phénomènes migratoires...), le recul de la vaccination a sûrement joué un rôle majeur.
Face à ce retour tonitruant, on dispose d'un arsenal thérapeutique de plus en plus efficace et diversifié. Encore faut-il que ces patients soient dépistés tôt, suivis et traités quand cela est nécessaire. Ce qui n'est pas le cas, si l'on en croit notamment l'étude EpiSurvey Hepatite 2006, qui a été réalisée auprès de 1 770 patients de 59 centres hospitaliers spécialisés et auprès de gastro- entérologues libéraux (coordonnée par le Pr P. Marcellin, Beaujon).
En effet, si, au moment du diagnostic, 28,6 % des patients étaient AgHBc positif et 20 % avaient une fibrose hépatique avancée (score > 3) – ce diagnostic ayant été posé en moyenne sept ans auparavant –, 33,7 % d'entre eux seulement recevaient un traitement (une fois sur deux, il s'agissait du premier).
Cette étude (effectuée avant la commercialisation de l'entécavir – Baraclude) montre que 31,7 % des patients recevaient des bithérapies, le plus souvent l'association lamivudine-adéfovir. La résistance à la lamivudine était retrouvée chez 41,3 % des patients (46,8 % chez ceux recevant l'association). Enfin, la charge virale était en moyenne élevée (2,7 log).
Des résultats inquiétants, surtout quand on sait que l'hépatite B est à l'origine de plus de 1 300 décès annuels dans notre pays.
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