DE NOTRE CORRESPONDANT
ADOPTÉ IL Y A quelques jours par les parlementaires allemands, un nouveau plan d’économies sur le médicament entrera en vigueur le 1er avril, afin de réduire les dépenses pharmaceutiques de 1,3 milliard d’euros par an. Annoncé sur fond de grogne persistante des médecins, cette initiative accroît encore la colère des professionnels de santé contre le gouvernement.
Première étape d’une prochaine réforme générale de la santé prévue pour 2007 ou 2008, le plan va se traduire par de nombreuses baisses de remboursement des spécialités et des génériques, à la suite d’une modification du système des forfaits de remboursement et des «prix de références». Son but : conduire les producteurs à adapter leurs prix aux forfaits pour rester « compétitifs », et amener les médecins à prescrire des médicaments encore moins chers.
Carotte et bâton.
De plus, les prix de tous les médicaments seront gelés jusqu’au 1er avril 2008.
Les producteurs de génériques devront consentir un «rabais» de 10 % aux caisses de maladie. A elles seules, ces baisses de prix, directes ou à travers les forfaits de remboursement, devraient réduire les dépenses de 800 millions par an.
Un système de bonus-malus, destiné à « récompenser » les médecins prescrivant peu et à sanctionner ceux dont les ordonnances sont trop lourdes, avait été prévu par le gouvernement. Mais il a été partiellement amendé par les députés du Bundestag lors du vote du plan. Seuls les médecins qui prescriront 10 % de plus que la moyenne de leurs confrères seront sanctionnés, et non pas 5 %, comme cela était envisagé au départ. Ils devront reverser aux caisses une partie du montant des « dépassements », selon un pourcentage qui variera en fonction de l’ampleur des dépassements, et pourra aller jusqu’à 50 % de ceux-ci.
Journée d’action des médecins le 24 mars.
A l’inverse, les médecins les plus «économes» bénéficieront d’un supplément d’honoraires en fin d’année. Les médecins devront travailler avec des logiciels leur indiquant, pour chaque maladie, les médicaments les plus « économiques ». Les logiciels seront fournis par les caisses et les organisations médicales «dans un but d’impartialité», et non par des sociétés commerciales.
Plusieurs autres mesures techniques et économiques complètent ce plan, qui a soulevé la colère des prescripteurs, des pharmaciens et des industriels, lesquels redoutent de lourdes conséquences pour leur avenir. Le bonus-malus est jugé particulièrement injuste par les médecins, mais aussi immoral et absurde : «C’est honteux de vouloir acheter les médecins en les poussant à ne pas donner aux malades ce dont ils ont besoin», expliquent de nombreux praticiens, tandis qu’un autre se compare à un pompier à qui on dirait : «Tu disposes de 100 litres d’eau pour éteindre cet incendie, et tu paies ensuite toi-même les litres supplémentaires.»
Le plan a été adopté au moment même où de nombreuses grèves perturbent les services publics du pays, y compris certains hôpitaux, notamment pour des raisons de rémunération et de durée du temps de travail. Le 1er mars, les médecins de nombreux hôpitaux appartenant aux régions ont organisé une grève, très suivie, d’une journée, afin de réclamer à nouveau de meilleures conditions de travail et une augmentation de 30 % de leur salaire. Une nouvelle journée nationale d’action et de grève de tous les médecins, libéraux et hospitaliers, est prévue pour le 24 mars.
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