LES DONNEES de fréquence de la maladie veineuse chronique dans la population générale sont relativement anciennes (INSEE 96), mais précises, indique le Dr Jean-Jérôme Guex (Président de la Société française de phlébologie, Nice) : 58 % des femmes et 26 % des hommes se plaignent de troubles veineux. Des chiffres que l'on retrouve aussi dans la population active. La souffrance veineuse en milieu professionnel concerne des sujets jeunes et se manifeste essentiellement par des symptômes de type fatigabilité, lourdeur et douleur de jambes. Les complications trophiques sont plus rares. Cette symptomatologie invalidante est retrouvée essentiellement dans le travail posté ou debout. Une aggravation peut s'observer en milieu chaud et en cas de port de charges lourdes. Fréquemment, la maladie veineuse concerne des métiers relativement peu qualifiés et, de ce fait, une population financièrement peu favorisée.
La prise en charge de la maladie veineuse chronique dans la population active doit favoriser les traitements ambulatoires, et ce afin d'éviter les arrêts de travail. Elle repose, d'une part, sur les traitements conservateurs, à savoir les règles hygiéno-diététiques, les phlébotropes et les bas de contention et, d'autre part, sur les traitements radicaux. Ces derniers sont, par ordre croissant d'agressivité, la sclérothérapie échoguidée à la mousse, le traitement laser endoveineux et la chirurgie d'ablation des varices sous anesthésie locorégionale.
Les indications.
L'importance des traitements conservateurs chez ces patients est considérable, car ils sont faciles à suivre. La seule réserve concerne le port des bas de contention dans certaines professions, mais l'observance s'est améliorée avec les bas récemment proposés. En ce qui concerne le traitement médicamenteux, il a une efficacité remarquable sur les symptômes, explique le Dr Guex, en précisant que cette efficacité a été démontrée par de nombreuses études en double aveugle, menées avec une méthodologie rigoureuse. Les phlébotropes entraînent une amélioration des lourdeurs et douleurs de jambes, des crampes, des impatiences et « permettent aux patients d'aller travailler ». Ils sont toujours indiqués en présence de symptômes, y compris chez les travailleurs présentant un œdème vespéral. Leur bonne tolérance constitue un atout supplémentaire. Pour le Dr Guex, le déremboursement des veinotoniques, qui nécessitent une administration prolongée, pourrait être responsable d'arrêts de travail dans cette population et, par conséquent, avoir des conséquences socio-économiques non négligeables. Un échappement thérapeutique pourrait également en découler, avec le risque d'une aggravation de la maladie veineuse ou de complications iatrogènes par l'emploi de traitements présentant une moindre innocuité, tels les anti-inflammatoires non stéroïdiens.
Sur le plan hygiéno-diététique, des exercices simples peuvent être conseillés durant le travail : éviter de rester debout et de piétiner, marcher (il faut au moins une dizaine de pas pour normaliser la pression veineuse), se mettre sur la pointe des pieds, etc. Mais en pratique, le suivi de ces recommandations se révèle souvent peu aisé. D'où la nécessité d'insister, parallèlement, sur l'importance des règles d'hygiène de vie classiques, en particulier de lutte contre la sédentarité et l'obésité, comme le préconise la récente campagne nationale de promotion de l'activité physique. Enfin, les traitements radicaux ont beaucoup progressé ces dernières années. Les techniques actuelles permettent d'éradiquer les varices avec peu d'effets secondaires et sans hospitalisation. Totalement ambulatoire, la sclérothérapie échoguidée à la mousse est pratiquée en une vingtaine de minutes et ne nécessite pas d'arrêt de travail. De même, la gêne modérée qui suit le traitement par laser endoveineux est compatible avec la poursuite de l'activité professionnelle. En revanche, un arrêt de travail d'une semaine environ doit être prescrit aux patients traités par chirurgie sous anesthésie locorégionale.
Journée d'Amphis du Medec « La souffrance veineuse au travail », coparrainée par Beaufour Ipsen Pharma et l'Association française des techniciens, ingénieurs de sécurité et médecins du travail (AFTIM), mercredi 17 mars 2004.
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