L’ECLATEMENT des résultats du scrutin des Urml crée un climat d’incertitude sur le sort réservé à la convention, fortement contestée par les médecins généralistes et relativement boudée par les spécialistes. La reconfiguration du paysage syndical chez les médecins libéraux complique aussi le «second tour» de l’élection dans chaque Urml, puisque chacune d’entre elles doit maintenant désigner ses présidents de sections (généralistes et spécialistes) et le président de l’union elle-même. Ce second tour s’échelonnera entre le 15 juin (date d’échéance des mandats des élus sortants) et début juillet, en fonction des dates choisies par les Urml pour réunir leur assemblée générale constitutive.
L’émiettement des forces syndicales favorise, bien sûr, les combinaisons en tout genre. C’est pourquoi les calculettes et les téléphones mobiles sont plutôt en surchauffe depuis la publication des résultats. Le leader de la Csmf souligne que son organisation «est en tête dans huit régions chez les généralistes et dans quatorze régions chez les spécialistes». La Confédération devrait sans problème garder dans son escarcelle les présidences des unions de Picardie, de Poitou-Charentes et de la Lorraine, puisqu’elle y mène la course dans les deux collèges. Pour le reste, la Csmf a besoin d’appuis syndicaux. «Nous ne souhaitons pas changer les majorités de gestion actuelles, déclare le Dr Michel Chassang. Mais la balle est dans le camp du SML. Et les unions ne vont pas être simples à gérer, ça c’est sûr!», nuance-t-il.
Quant aux cadres du SML, ils «s’abstiendront de toute prise de parole et de commentaire» jusqu’à l’AG extraordinaire de leur syndicat le week-end prochain.
Situations locales.
Néanmoins, on murmure déjà que le rapprochement du SML avec la Csmf n’ira pas de soi dans le contexte actuel. Pour se maintenir, la Csmf va sans doute être obligée de «monnayer» ses alliances, en partageant plus qu’avant le pouvoir au sein des bureaux des unions. Dans les rangs du SML, on subodore qu’il n’y aura «pas de réponse générale» à la main tendue de la Csmf, car « les situations locales» entreront peut-être autant en ligne de compte que «les consignes nationales».
«Beaucoup de membres du SML sont en désaccord avec leur leader Dino Cabrera: tous les espoirs sont permis pour la FMF!», se réjouit le président de celle-ci, le Dr Jean-Claude Régi.
La FMF, arrivée en deuxième position chez les spécialistes et troisième chez les généralistes, lorgne sur «un maximum d’unions» et se fixe comme «objectif réalisable» d’en remporter «une quinzaine» (sur vingt-six, DOM y compris). Une présidence FMF de l’Urml Basse-Normandie et de l’union de Martinique «n’est pas à discuter», affirme le Dr Régi, revigoré par la remontée de 15 points de son syndicat au niveau national. L’Urml Midi-Pyrénées lui semble acquise, du fait du soutien des chirurgiens de l’union collégiale conduits par le Dr Philippe Cuq. Pour le reste, le président de la FMF «n’exclut personne dans ses contacts» et vise ouvertement à «faire obstacle à la Confédération qui nous a mis dans cette situation».
Que fera Espace Généraliste ?
L’heureux président d’Espace Généraliste, qui obtient 12,4 % des voix au bout de six mois d’existence, est sur la même longueur d’onde. Le Dr Claude Bronner ne cache pas en effet que ses troupes «feront tout pour que la Csmf ait le moins de présidences possibles». «Ils ont eu le tort de rafler toutes les présidences en 2000, sauf en Alsace, et d’en faire un argument auprès des pouvoirs publics, en disant: «Quand vous négociez avec la Csmf, vous négociez avec la grande majorité des médecins libéraux»», explique le Dr Bronner. Le président d’Espace Généraliste souhaite qu’à l’avenir les unions soient dirigées de manière plus «collégiale». Le nouveau syndicat, issu d’une scission avec MG-France, rappelle que sa liste a «obtenu un quart des élus en Alsace» et pense que «cela doit être reconnu». En clair, Espace Généraliste voudrait la présidence de l’union installée à Strasbourg, mais pas pour le Dr Claude Bronner (pourtant tête de liste) qui annonce qu’il ne «sera pas candidat» à cette fonction. Le jeune syndicat va aussi «demander la présidence de l’union en Languedoc-Roussillon, même si ce sera plus compliqué». Dans les dix régions où il s’est présenté, Espace Généraliste s’efforcera de nouer des «alliances naturelles en fonction des programmes», avec MG-France et la FMF, selon le Dr Bronner. Pour autant, le président d’Espace Généraliste constate parmi les siens des réticences : «Certains disent qu’ils n’ont pas quitté MG-France pour venir les soutenir aujourd’hui...»
Le président de MG-France semble pour sa part se placer au-dessus de la mêlée et assure «n’avoir pas regardé» les résultats en détail dans les régions. Selon lui, MG-France «pousse à toutes les majorités sur des projets dans l’intérêt des médecins». Mais, les yeux toujours rivés sur l’enjeu national du scrutin, le Dr Pierre Costes estime qu’ «il n’y a pas lieu de compter les présidences et les sous-présidences».
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