DANS SON RAPPORT annuel sur la démographie médicale, le Pr Yvon Berland s'est penché sur les internes en formation. Le président de l'Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS) a mené un travail prospectif sur le nombre d'internes et leur répartition sur le territoire à l'horizon 2015. Selon les sources, entre 15 576 et 17 667 internes sont actuellement en formation. L'augmentation du numerus clausus depuis le début des années 2000 a entraîné un relèvement progressif du nombre d'internes. Il devrait s'accentuer dans les toutes prochaines années. En partant de «l'hypothèse basse» d'une augmentation du numerus clausus de 7 000 internes par an, l'ONDPS table sur la hausse de 11 000 internes en formation d'ici 2015. «L'augmentation du nombre d'internes entraîne aujourd'hui la prévision d'une augmentation équivalente de postes budgétaires afin de permettre l'accueil dans les services où ils seront formés», commente l'Observatoire. S'il est confirmé, cet afflux d'étudiants en formation aura un coût. Un poste médical d'interne est évalué par la DHOS à 33 530 euros par an. Ce sont donc 368 millions d'euros supplémentaires qui seront nécessaires à l'accueil de ces 11 000 médecins en formation. De nouveaux financements seront nécessaires à l'avenir. Le système de l'interne « sac à dos », selon lequel l'interne dispose du budget correspondant à ces postes et non le CHU, pourrait être étendu pour permettre l'ouverture de postes dans des services formateurs qui n'en disposaient pas.
Le système de formation actuel ne sera pas en mesure d'accueillir toute cette population d'étudiants. La hausse du nombre d'internes va également poser la question du postinternat et mettre en difficulté les facultés qui ne peuvent pas déjà assumer leur formation en médecine générale.
Des écarts.
Dix-sept subdivisions sur 25 proposent à leurs internes de médecine générale de faire un stage de gynécologie-obstétrique et de pédiatrie. La psychiatrie est également concernée dans quelques régions et l'ONDPS note que «l'augmentation du nombre d'internes en chirurgie donne lieu localement à des tensions». En médecine générale, il existe un écart important entre le nombre de postes ouverts et le nombre de postes occupés. De fait, les incertitudes sur le nombre d'internes en formation ont des conséquences sur le fonctionnement des services. L'ONDPS redoute enfin une baisse du nombre de médecins généralistes qui exercent réellement la profession du fait notamment de l'attrait massif pour des DESC d'exercice majoritairement hospitaliers. L'Observatoire note que le concours de PCEM1 et les épreuves classantes nationales (ECN) ne permettent pas aujourd'hui de réguler de manière satisfaisante la répartition par spécialités et par régions des médecins. Toutes les régions ne bénéficient pas de la même façon des investissements qu'elles ont réalisés pour la formation. Pour faire face à cette situation, l'ONDPS plaide pour l'adoption d'un plan pluriannuel de répartition des postes d'internat appuyé sur «des analyses régionales qui tiennent compte des besoins prévisionnels, des capacités de formation pour les stages et des financements disponibles». Des voix se font entendre, dans la lignée du rapport Larcher sur les missions de l'hôpital, pour demander l'ouverture de stages d'internats en établissements privés. Les fédérations hospitalières (FHP, FEHAP), la Conférence nationale des présidents de CME d'hospitalisation privée et des syndicats médicaux (CSMF, FMF, Alliance), réunis au sein du Comité de liaison et d'action de l'hospitalisation privée (CLAHP), demandent que les internes puissent être accueillis dans des cliniques. «Les établissements privés et les médecins y exerçant entendent prendre part à la formation des médecins, mission de service public aujourd'hui réservée par la loi aux seuls établissements de statut public ou PSPH», indique le CLAHP. Le comité souhaite que la participation des établissements privés à la formation des internes soit reconnue dans la future loi « Santé, patients, territoires ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature