Dans l'industrie ou chez le coiffeur

Les teintures classées selon leur potentiel tumoral

Publié le 30/03/2008
Article réservé aux abonnés
1276175705F_Img317682.jpg

1276175705F_Img317682.jpg

EN FÉVRIER dernier, dix-sept scientifiques de sept pays se sont réunis à Lyon, sur les terres de l'Agence de recherche sur le cancer (ARC). Leur objectif : réévaluer l'action cancérogène de certains colorants à usage industriel ou capillaire. Tous sont réputés créer des lésions cancéreuses de la vessie ou soupçonnés de le faire. Il s'agit d'amines aromatiques ou de colorants organiques.

Le groupe de travail a ainsi pu identifier plusieurs amines aromatiques à risque.

Utilisée dans la fabrication de teintures, de pigments et du caoutchouc, l'orthotoluidine a été mise en évidence dans les urines après contact cutané prolongé, dans le cadre d'une activité professionnelle. Son implication dans des cancers de la vessie chez l'humain et expérimentalement chez l'animal l'a fait classer dans le groupe 1 des carcinogènes humains.

Responsable avec une bien moindre certitude de tumeurs cancéreuses, la 4-chloro-orthotoluidine, métabolite d'un insecticide (chlordimeform), a été classée dans le groupe 2A (probablement cancérogène).

Egalement utilisé dans l'industrie, surtout du polyuréthane, le MOCA, pour 4,4'-Methylenebis (chloroaniline), est également absorbé par voie transdermique. Non seulement responsable de tumeurs vésicales chez l'animal, il se montre également génotoxique in vitro. Son profil toxicologique, similaire à celui de l'orthotoluidine, le fait considérer comme carcinogène pour l'humain et donc du groupe 1.

Essentiellement utilisés dans l'industrie du papier peint, des textiles et du cuir, les colorants à base de benzidine sont interdits dans les pays développés. Ils continuent d'être utilisés ailleurs. La benzidine est connue pour ses cancers vésicaux chez l'humain. Elle contamine même les bactéries intestinales ou cutanées humaines, ainsi que le foie. Les experts l'on classée dans le groupe 1.

Différence entre professionnels et utilisateurs.

Quant aux teintures capillaires, une différence est faite entre professionnels et utilisateurs (ou -trices). A noter que les teintures noires contiennent le plus de colorants. Certains de leurs principes actifs ont été interdits dès les années 1970.

Il semble que, globalement, les teintures soient probablement cancérogènes (groupe 2A) pour les coiffeurs (de sexe masculin) et les barbiers.

Quant aux utilisations individuelles, les études sont peu probantes et portent essentiellement sur le cancer vésical. Un étude américaine trouvait un risque majoré chez les acétyleurs lents, tandis qu'en Espagne une étude similaire arrivait à des conclusions inverses. Quelques travaux ont impliqué ces teintures capillaires dans la survenue de lymphomes et leucémies. Enfin, une étude poolée récente suggère une augmentation de 10 % du risque de lymphome non hodgkinien chez les utilisatrices et de 30 % chez celles ayant débuté avant 1980. Le manque de preuves fait classer cette utilisation individuelle des teintures dans le groupe 3, non considéré comme carcinogène.

« Lancet Oncology », vol. 9, pp. 322-323 avril 2008.

> Dr GUY BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8342