L 'ESPACE et la médecine se sont déjà rencontrés sur des questions comme la santé des cosmonautes, ou les expériences réalisées en microgravité. Des applications de plus grande envergure des technologies spatiales aux problèmes médicaux pourraient voir le jour. En témoignent deux projets du CNES.
Le premier projet, auquel sont associés l'INRA, l'Institut Pasteur et l'Ecole vétérinaire de Lyon, porte sur l'acquisition et la transmission de données épidémiologiques humaines ou animales, et l'analyse de leurs corrélations avec les données météorologiques et environnementales issues de l'observation de la Terre. Le tout vise à développer des modèles prédictifs de l'évolution géographique des grandes endémies tropicales et à mettre sur pied des systèmes d'alerte précoce. Ce travail, évidemment important, surtout si de sombres prédiction climatologiques se réalisent, figure parmi les priorités de l'OMS.
Une première phase d'expérimentation a commencé en octobre 2000 le long du fleuve Sénégal pour tenter de préciser l'évolution de la fièvre de la Vallée du Rift. Elle devrait se prolonger durant deux saisons des pluies, et pourrait être suivie d'expérimentations analogues concernant l'extension de la fièvre de la Vallée du Rift au Soudan et en Egypte, de la dengue hémorragique au nord du Brésil et en Guyane, ou encore du paludisme en zone d'endémie.
Téléconsultations
Autre volet de l'activité médicale du CNES : la consultation à distance relayée par satellite. Le projet vise à désenclaver des régions démunies en structures médicales, ou dont l'infrastructure a été détruite par une catastrophe naturelle. Il permettrait, en outre, la médicalisation à distance de sites par nature isolés, comme les plates-formes pétrolières, ou les avions.
Un prototype de station de téléassistance a été développé pour recueillir des données médicales sur place et les transmettre à un centre d'expertise. Cette station, d'un poids de 7 kg, réunit un enregistreur EEG, un appareil photo numérique éventuellement adaptable sur microscope (cytologie, hématologie), un tensiomètre automatique, un oxymètre de pouls, un thermomètre à capteur infrarouge, un détecteur de glycémie, ainsi qu'un PC couplé à un système de transmission Immarsat, un téléphone GSM et un GPS. Cette base technique peut naturellement être adaptée à des besoins spécifiques locaux. On note qu'elle est conçue pour être mise en uvre, le cas échéant, par du personnel non médical.
Le dispositif a déjà été testé dans divers contextes : liaison maritime entre la Corse et le continent, station antarctique, site isolé au Cambodge et en forêt amazonienne. Des essais de validation à bord des long-courriers A 340-600 sont par ailleurs prévus en novembre prochain.
Quant aux essais de longue durée, en grandeur réelle, des réseaux de téléconsultation à transmission satellitaire, ils font actuellement l'objet d'études de faisabilité en Inde et au Sénégal. Dans ce pays, le CNES collabore avec la FISSA (Force d'intervention sanitaire satellitaire autoportée), ONG à but humanitaire, les autorités de santé sénégalaise et l'association Education-santé présidée par Mme Wade, l'épouse du président, pour installer dès l'an prochain, en trois sites, des stations reliées à l'Hôpital principal, à Dakar. Le projet est d'abord tourné vers la périnatalogie, mais il devrait également faire une place aux consultations de médecine générale. Il vient d'être officiellement lancé par l'accord signé à Paris entre le CNES et la FISSA, en présence du président Wade.
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