« IL RESTE à déterminer si des traitements de type immunothérapie élaborés pour détruire les T régulateurs (dits T reg) in vivo seraient bénéfiques ou au contraire néfastes dans le contexte particulier de la maladie à VIH. »
Le travail laisse supposer que la suppression de l'activité cytolytique contre le VIH par les T reg dans les sites majeurs de réplication du virus (le tissu lymphoïde) est particulièrement préjudiciable aux tentatives naturelles de contrôle de la réplication du virus.
Pour comprendre la démarche des chercheurs, il faut savoir que, en cas d'exposition persistante à certains antigènes comportant une activation immunitaire, différents mécanismes immunosuppresseurs se mettent en place pour limiter les dommages que le système immunitaire est susceptible de faire subir à l'hôte. L'un des mécanismes le mieux caractérisés concerne les cellules T reg, CD25+, FoxP3+, une sous-population de CD4+ suppresseurs. Ces cellules ont été initialement décrites dans leur rôle essentiel dans l'éviction de l'auto-immunité (dans certains modèles animaux.) Elles joueraient un rôle dans la persistance de tumeurs solides, de parasitoses ou d'infections.
Dans le cadre de la maladie à VIH, on a isolé des T reg du sang périphérique de personnes infectées asymptomatiques et observé in vitro que ces cellules ont un effet suppresseur significatif de la réponse immunitaire spécifique liée au VIH.
L'activité des CD25+ T reg diminue dans le sang périphérique à mesure que la maladie du VIH progresse.
Certains auteurs ont émis l'hypothèse que cette perte de cellules T reg contribue aux aberrations immunitaires de la maladie ainsi qu'à sa progression.
Des individus à tous les stades de l'infection.
Le travail présenté par l'équipe d'Anthony Fauci a porté sur des individus à tous les stades de l'infection.
Ils observent que les T reg migrent du sang périphérique vers les sites de réplication du VIH, où ces cellules croissent et se multiplient. On observe la même chose au niveau des sites d'expression des antigènes et de l'inflammation, où ces cellules exercent une forte activité immunosuppressive localisée.
L'étude publiée par l'équipe d'Anthony Fauci (signée Audrey Kinter et coll., Niai, Rockville Pike) répond aux questions : les T reg tissulaires (et non périphériques) maintiennent-ils leur activité suppressive dans le contexte de l'infection par le VIH, que l'on sait être associée à une activation immunitaire persistante ? Qu'en est-il chez les personnes dont la maladie est à un stade avancé ?
Les chercheurs trouvent que les cellules T reg isolées à partir de tissu lymphoïde (en particulier les ganglions) et dans le sang périphérique de patients VIH+ gardent une activité suppressive contre les lymphocytes T cytolytiques (CTL), même chez les patients ayant une charge virale élevée et un taux de CD4 bas. Ces données suggèrent que la suppression des réponses spécifique du VIH et qui est sous la dépendance des T reg perdure tout au long de l'infection quel que soit son stade.
Les ganglions lymphatiques.
Par ailleurs, ils trouvent que l'activité des T reg des ganglions lymphatiques est supérieure à celle des T reg du sang périphérique et en particulier chez les patients ayant une virémie plasmatique élevée. Selon les auteurs, « la maladie pourrait être associée à une redistribution des cellules T reg, se réduisant dans le sang périphérique pour aller se concentrer dans les ganglions lymphatiques ».
D'ailleurs, l'expression de certains marqueurs de T reg présents sur les CD4, isolés à partir des ganglions lymphatiques, sont différents de ceux trouvés dans le sang périphérique.
« Etant donné l'efficacité de ces cellules à supprimer l'activité CTL spécifique du VIH dans les ganglions lymphatiques, on peut supposer qu'elles ont un impact non négligeable sur le cours de la maladie, en empêchant le contrôle de la réplication du VIH », indiquent Audrey Kinter et coll.
Ce qui pourrait expliquer pourquoi la persistance de l'activation immunitaire et des antigènes du VIH altèrent les compétences immunitaires de l'individu infecté (cette dernière donnée est de démonstration récente).
« Proc Natl Acad Sci USA », publié sur le site de la revue.
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