ESTOURBIS PAR UN «COUP DE massue sur la tête», selon l'expression d'un de leurs responsables, les syndicats médicaux condamnés à 814 0000 euros par le Conseil de la concurrence pour entente sur les prix entre 2001 et 2005 (« le Quotidien » des 4 et 7 avril) ont organisé ces derniers jours leur riposte. En ordre dispersé.
L'idée initialement envisagée d'un communiqué commun pour contester la décision a fait long feu. Les syndicats ont rapidement jugé qu'il n'était guère judicieux de se coordonner et de répliquer d'une seule voix alors qu'ils contestent formellement toute notion d' «entente» dans cette affaire .
Courant de sympathie ?
Si tous ont annoncé leur intention de faire appel, chacun a ensuite fourbi ses propres arguments pour organiser la meilleure défense possible et reprendre la main.
Ayant écopé de 370 000 euros d'amende (220 000 euros en son nom et 150 000 euros pour sa branche spécialiste – UMESPE), la CSMF a mis tout son réseau en ordre de bataille autour de la thématique efficace de «la défense des médecins en danger». Dans chaque département, les cadres confédéraux ont été incités à relayer le message du syndicalisme «muselé» et des praticiens «bâillonnés». L'appel de la CSMF à souscription nationale auprès des médecins, relayé dans la presse médicale et sur le site du syndicat, aurait rencontré un large écho. Selon le président Michel Chassang contacté en début de semaine, «en moins de trois jours, plus de cent médecins ont envoyé des dons compris entre 50 et 370euros». Il précise que cet «élan de solidarité se confirme dans tous les départements, quelle que soit la spécialité». Selon une enquête flash du « Quotidien » auprès d'une centaine de praticiens internautes (1), 14 % des médecins seraient prêts à mettre la main à la poche. Dans ce contexte, le discours confédéral se veut offensif. «Face à cette opération antisyndicale, le courant de sympathie des médecins à notre égard est fort, avance le Dr Chassang. Ils savent que cette décision n'est pas le fruit du hasard: en coupant le nerf de la guerre, on a cherché à faire peur aux syndicats, à nous mettre en «slip» avant les prochaines négociations.»
Le conseil d'administration du SML a également analysé la décision du Conseil de la concurrence. Jugeant que le montant de l'amende – 135 000 euros – «entrave» ses capacités d'action, le syndicat lance une «campagne d'adhésion» auprès du corps médical (et non pas de souscription). «Il ne s'agit pas de tendre la main, explique le Dr Cabrera, président du syndicat. Maissi les médecins ont envie de se mobiliser, de s'exprimer, c'est en cotisant qu'ils peuvent le faire!Ce sont leurs moyens de revendication qui sont attaqués…» Pour montrer que le combat continue dans les pires intempéries, le syndicat reprend la main dès aujourd'hui. Il proposera un «nouveau contrat conventionnel» entre les médecins, les patients et l'assurance-maladie pour « sortir du marasme par le haut». Face à une décision «inique», la FMF (à laquelle le Conseil de la concurrence a infligé une pénalité de 34 000 euros) a choisi la sobriété. Convaincue que «les charges à son encontre sont inexistantes», elle attend la suite de la procédure pour démontrer son innocence.
Le Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (SYNGOF), « puni » à hauteur de 200 000 euros (pour 2 000 adhérents, soit 100 euros par cotisant…), prépare pour sa défense un «dossier détaillé» en forme de contre-enquête interne. Le Dr Marc-Alain Rozan, président du SYNGOF, a demandé à tous ses adhérents de secteur I d'adresser leur relevé « SNIR » (document issu du système national interrégimes qui récapitule les montants d'honoraires perçus) pour la période incriminée. Une centaine de réponses sont déjà revenues. Objectif : confronter les conclusions du Conseil de la concurrence aux «vrais chiffres» de la profession, notamment quant à l'utilisation du « DE » par les gynécologues de secteur I (dépassement exceptionnel pour exigence particulière du patient). Dans sa décision, le Conseil a jugé que durant trois ans le SYNGOF a «développé une pratique anticoncurrentielle grave causant des dommages très importants à l'économie, de l'ordre de 20millions d'euros pour la spécialité». Montant contesté par le syndicat qui dénonce les «amalgames». «Les coordinations faisaient n'importe quoi, il y a eu des DE hospitaliers…», énumère le Dr Rozan.
Quant au Syndicat national des pédiatres français (SNPF), sanctionné de 38 000 euros d'amende, il a écrit cette semaine à tous les pédiatres. Une opération vérité doublée d'un appel à la solidarité via une campagne d'adhésion. «Les pédiatres sont révoltés par cette affaire, explique le Dr Francis Rubel, président du syndicat. On voudrait nous faire taire qu'on ne s'y prendrait pas autrement.»
(1) www.quotimed.com.
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