LA SOIRÉE de mercredi s’annonce chaude. La nouvelle séance de négociations entre les trois syndicats médicaux signataires de la convention (Csmf, SML et Alliance) et le directeur de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (Uncam) pourrait même tourner court, si l’on en croit certaines confidences. Mais il y a loin de l’intention au geste.
Il n’empêche que les orientations arrêtées par le conseil de l’Uncam compliquent beaucoup la situation.
En affirmant, dans ce texte de treize pages, qu’il convient d’attendre que le plan d’économies prévu par la convention soit complètement réalisé avant d’accorder les revalorisations prévues par ce texte, il a braqué les dirigeants des syndicats médicaux.
On sait que les partenaires conventionnels s’étaient mis d’accord sur 998 millions d’économies pour 2005 et que, à la fin de novembre, 772 millions d’économies avaient été obtenus. Pour le conseil de l’Uncam, le compte n’y est pas et il convient de surseoir aux revalorisations prévues (soit 1 euro dans le cadre de la coordination des soins et 3 euros pour les consultations des enfants de 2 à 6 ans chez le généraliste).
Or, de leur côté, les syndicats médicaux affirment que le contrat a bien été rempli et qu’ils paient en fait le transfert de certaines dépenses de prescriptions hospitalières sur la médecine de ville.
Vieux démons.
Mais le conseil de l’Uncam attise encore les braises lorsqu’il affirme que, pour 2006, «il sera amené à examiner avec attention le niveau d’atteinte de chacun des objectifs (de maîtrise) avant de pouvoir examiner de nouvelles revalorisations». Il ne prend donc aucun engagement pour cette année. Or on sait que les syndicats médicaux désirent avant tout qu’un geste soit fait en faveur des généralistes, en particulier pour le C, bloqué depuis 2002. Ce qui, pour le conseil de l’Uncam, n’est pas d’actualité.
Dès lors, les syndicats signataires qui n’oublient pas les élections aux Urml de cette année ne cachent pas leur colère et leur déception.
Pour le Dr Michel Chassang, président de la Csmf, l’assurance-maladie, au lieu de «se féliciter de la réussite (de la maîtrise médicalisée) et de vouloir poursuivre cette logique gagnante pour l’année 2006, renoue avec ses vieux démons et change brutalement de logique». En clair, elle a choisi la maîtrise comptable contre la maîtrise médicalisée.
Le problème du secteur optionnel.
Et le président de la Csmf d’affirmer que le ministre de la Santé s’est «prononcé pour la revalorisation duC en 2006» et qu’il doit tenir ses engagements. «J’en appelle au gouvernement», insiste-t-il.
«Une logique de confiance existait jusqu’à présent entre les médecins et l’assurance-maladie, poursuit le Dr Chassang. Veut-on casser cette dynamique?» L’avertissement est clair : le président de la Csmf, qui ne veut pas encore se prononcer sur l’issue de la réunion de mercredi, met en garde l’Uncam et le gouvernement sur les risques d’une possible cassure.
Du côté du Sml, la colère n’est pas moins forte. «Les décisions de l’Uncam, explique cette organisation, sont inacceptables, car elles sont contraires à la lettre et à l’esprit de la convention médicale.»
Le SML s’insurge, en outre, contre un autre point du document de l’Uncam qui ferme la porte à toute nouvelle négociation sur le secteur optionnel, alors même que l’accord du 24 août 2004 sur la chirurgie le prévoyait expressément. «L’assurance-maladie bafoue sa signature et ignore celle du ministre», tempête le SML, qui annonce qu’il prend d’ores et déjà «tous les contacts nécessaires au niveau politique pour tenter de débloquer cette situation explosive avant la prochaine réunion de négociation du 25janvier.»
Il apparaît en effet que la Csmf et le SML aient décidé d’intervenir au plus haut niveau, pour alerter les responsables politiques et de l’Etat sur les conséquences d’une rupture de confiance entre les médecins et le gouvernement. La nouvelle position de l’assurance- maladie, avertit d’ailleurs la Csmf, n’est pas «sans rappeler la triste période de 1995». Le spectre du plan Juppé réapparaît comme à chaque fois qu’une crise se dessine.
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