A peine réélu à la tête de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), son président Jean-Marie Spaeth n'a pas caché que son nouveau mandat débutait dans « une configuration quelque peu inhabituelle ». L'absence d'une partie de la délégation patronale, les réflexions en cours sur l'avenir du paritarisme et de l'assurance-maladie ne rendent pas sa tâche aisée.
D'autant que, comme il l'a reconnu lui-même, les intentions du gouvernement dans ces deux domaines restent pour le moins floues et semblent « hésiter sur la voie à suivre quant aux enjeux essentiels de la régulation ou de la répartition des tâches entre les pouvoirs publics et les organismes sociaux ».
En attendant que ces questions de fonds soient tranchées, le président de la CNAM, qui ne peut s'appuyer que sur une majorité fragilisée, n'aura guère les mains libres pour agir, ainsi que le montre l'analyse de Jean de Kervasdoué (voir ci-dessous) même s'il juge prioritaire de « conforter un nouveau modèle de relations avec les professionnels de santé ».
Pour Jean-Marie Spaeth, la CNAM est cependant « forcément mal à l'aise avec une mission qui consiste à entretenir la fiction d'un mode de régulation dont l'inefficacité est patente », confiait-il à l'Agence de presse de la mutualité, à la sortie du premier conseil d'administration. Un mode de régulation qui a contribué à le couper de ses principaux interlocuteurs.
Lesquels se font d'ailleurs peu d'illusions sur la marge de manuvre dont il disposera dans les mois qui viennent. « La volonté des uns et des autres est qu'il ne se passe rien jusqu'aux prochaines échéances électorales. Le président de la CNAM a par ailleurs une majorité fragile qui permet au gouvernement de faire jusque-là ce que bon lui semble », constate amèrement le président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), le Dr Claude Maffioli.
« Le nouveau conseil d'administration se contentera d'expédier les affaires courantes », commente de son côté le Dr Dinorino Cabrera, président du Syndicat des médecins libéraux (SML) tandis qu'il s'agit pour la Fédération des médecins de France (FMF) « d'un changement dans la continuité ».
Une « grande traversée du désert »
Partenaires de la CFDT dans le groupe de réflexion sur l'avenir de l'assurance-maladie (le G 14), MG-France et l'Union collégiale des chirurgiens et spécialistes français (UCCSF) ont pris acte avec satisfaction de sa réélection, « preuve du sérieux des organisations syndicales de salariés qui n'ont pas voulu déstabiliser les conseils d'administration pendant la période préélectorale », estime le Dr Pierre Coste, président de MG-France. Mais cette réélection inaugure également selon l'UCCSF « une grande traversée du désert ».
Un immobilisme qui intervient au pire moment dans la mesure où, selon eux, les médecins sont dans une phase « d'exaspération » et se retrouvent aujourd'hui sur des revendications communes, comme la revalorisation de la consultation ou la suppression de dispositif de régulation des dépenses. « Les syndicats médicaux sont dans une voie de sortie des conflits passés et sont en train de s'entendre sur les revendications essentielles », confirme le président de MG-France. Ils demandent donc au président de la CNAM la réouverture de discussions. « Il faut qu'il accepte d'oublier la loi et d'être une force de propositions à nos côtés. A moins de vouloir une fois de plus s'enfermer dans l'échec », explique le Dr Maffioli. « Si le conseil d'administration ne sert à rien, qu'il disparaisse. s'il sert à quelque chose, qu'il le prouve. On ne peut pas réclamer plus d'autonomie et ne rien proposer », renchérit le président du SML.
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