A l'heure où les coordinations de médecins spécialistes libéraux appellent localement au déconventionnement massif, trois centrales syndicales veulent reprendre la main et faire monter d'un cran la pression auprès des pouvoirs publics. Après avoir lancé des mots d'ordre d'extension des dépassements d'honoraires, la CSMF, le SML et Alliance, veulent maintenant mobiliser la base des généralistes et des spécialistes, lors de deux journées d'action nationales les 5 et 11 juin.
« On va marquer dignement l'anniversaire du 5 juin », annonce le Dr Michel Chassang, président de la CSMF, qui ne donne guère de précision afin de préserver « l'effet de surprise ». L'accord du 5 juin 2002 a mis fin à la longue grève des gardes des généralistes en revalorisant leur consultation (C) à 20 euros et la visite médicalement justifiée à 30 euros, en contrepartie d'engagements sur les prescriptions en molécules et en médicaments génériques. Un an jour pour jour après cet accord historique et porteur d' « espoir », le président de la CSMF promet une journée nationale de « cauchemar » et riche en « symboles », avec des « opérations de type commando ». « L'accord du 5 juin 2002 n'était pour nous qu'une étape, rappelle le Dr Dino Cabrera, président du SML. Les caisses ont loupé une bonne occasion l'année dernière. Aujourd'hui, les deux syndicats majoritaires sont hors du champ conventionnel », après la rupture des négociations avec les caisses d'assurance-maladie le 16 avril dernier. « Nous voulons signifier que nous sommes toujours pour une convention unique dans un cadre rénové », poursuit le Dr Cabrera. Le président du SML souligne enfin que le 5 juin est également « la date butoir » qu'il a fixée symboliquement pour inciter le ministre de la Santé à publier sans tarder le nouveau règlement conventionnel minimal (RCM).
« La médecine telle qu'on rêverait qu'elle soit faite »
Moins d'une semaine plus tard, le mercredi 11 juin, les trois syndicats appellent les médecins libéraux à participer à une autre journée d'action, dans l'enceinte de leurs cabinets cette fois. La CSMF, le SML et Alliance organisent ce jour-là la première « journée de santé libérée des contraintes de l'assurance-maladie », qui « sera amenée à se répéter jusqu'à la réforme ». « Les rendez-vous ordinaires - hors urgences - seront déprogrammés pour permettre aux médecins généralistes et spécialistes libéraux d'exercer un autre type de médecine, en prenant plus leur temps », explique le Dr Chassang. Certaines spécialités (ORL ou dermatologues, par exemple) pourront proposer à leurs patients des actions de dépistage. « On pratiquera la médecine telle qu'on aimerait tous qu'elle soit faite », précise le Dr Cabrera. Le président du SML, qui « veut rompre avec les cadences infernales », promet ce jour-là « une médecine un peu plus humaine », de la prévention et « plus de temps pour expliquer le pourquoi d'un traitement ».
« L'idéal serait que les confrères travaillent un petit peu moins, car plus il y a de consultations, plus les patients surconsomment en prescriptions », renchérit le Dr Félix Benouaich, président du syndicat Alliance. Selon lui, la démonstration du 11 juin est censée convaincre le ministre Jean-François Mattei d' « en finir avec les replâtrages de ces deux dernières années et de rendre attractif le secteur I » (à tarifs opposables) à travers le futur RCM.
Dans tous les cas, la liberté sera bien sûr aussi tarifaire, sauf pour les bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU). « Les tarifs de la Sécurité sociale ne seront pas indiqués ce jour-là », confirme le président du SML. Le Dr Cabrera préfère, pour sa part, inciter les médecins à demander aux patients à combien ils estiment la valeur de l'acte réalisé.
Le président de la CSMF se dit « convaincu » que « les patients vont se précipiter » dans les cabinets médicaux le 11 juin. Ils seront informés à l'avance par des affiches apposées dans les salles d'attente.
Les journées « unitaires » du 5 et 11 juin porteront le label de toutes les organisations syndicales représentatives des spécialistes sauf une, la Fédération des médecins de France (FMF). Au grand dam de son président, le Dr Jean-Claude Régi. Il s'étonne d'avoir eu connaissance de la journée d'action du 11 juin « par la presse » alors qu'il « ne cesse de déclarer depuis la rupture des négociations conventionnelles qu'(il) souhaite l'unité syndicale ».
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