Dr Michel Chassang (Csmf):
« Au lieu de corriger les erreurs de la loi de financement de la Sécurité sociale de 2007 et son Ondam scélérat via une loi rectificative, François Fillon préfère un plan d'urgence, de colmatage cosmétique, injuste, inapproprié, inefficace et dangereux, qui me fait penser aux années 1995.
Sur le reste, il y a débat sur le financement. La franchise est-elle un bon remède ? J'ai peur qu'elle ne soit pas à la hauteur des enjeux, mais la préoccupation sociale manifestée par le bouclier sanitaire est une bonne idée.
Cependant, les vraies questions n'ont pas été posées par François Fillon. Le gouvernement est-il d'accord pour que les dépenses d'assurance-maladie progressent plus vite que le PIB ? Et est-il d'accord pour rééquilibrer les dépenses de ville et d'hôpital ? »
Dr Jean-Claude Régi (FMF):
« François Fillon nous a fait un petit patchwork avec les propositions de Martin Hirsch et celles de l'Uncam. Ce que l'on nous prépare n'est ni de la maîtrise médicalisée ni de la maîtrise comptable, mais de la maîtrise tout court. C'est comme ça et pas autrement, tout était déjà dit dans le texte du comité d'alerte.
Sur la franchise et le débat qu'annonce François Fillon, il faudra beaucoup de pédagogie. Il faudra expliquer aux Français que, si la santé n'a pas de prix, elle a un coût, et que l'on ne peut plus recourir aux soins à tort et à travers. Si c'est bien expliqué, bien compris, si ça responsabilise les patients sans les pénaliser, je n'y vois pas d'inconvénient majeur, à condition que cette franchise ne soit pas prise en charge par les complémentaires, car la pédagogie ne pourrait pas jouer son rôle.
Le bouclier sanitaire me semble également constituer une bonne idée. Ces deux projets conjugués me paraissent former une piste intéressante. »
Martial Olivier-Koehret (MG-France):
« Ce que nous disons depuis deux ans se confirme : en dépit de la réforme de l'assurance-maladie, la situation des dépenses s'aggrave encore, ça devient une priorité nationale. La courbe est structurelle, et elle reste linéaire en dépit des plans successifs.
Au sujet de la franchise, je comprends que la population a besoin de pédagogie sur le coût de la santé, mais avec cette mesure, on sanctionne plus qu'on n'éduque. La bonne solution serait plutôt de bien rembourser le patient vertueux qui se fait soigner dans le cadre du parcours de soins, et de moins bien rembourser celui qui se fait soigner en dehors du parcours de soins. »
Dr Dinorino Cabrera (SML):
« François Fillon a annoncé qu'il ratifierait sans délai le plan d'économies de l'assurance-maladie. Je dénonce donc le côté sauvage d'un plan purement comptable. Pour les radiologues et les biologistes notamment, l'addition est démesurée.
Au sujet de la franchise, cela fait longtemps que le SML demande qu'elle soit calculée en fonction des revenus des patients. Dix euros pour un cadre ou pour un smicard, ce n'est pas la même chose. De ce point de vue, le bouclier sanitaire me paraît une bonne chose. Mais cette franchise doit pouvoir être prise en charge par les assurances complémentaires, si le patient le souhaite. »
Dr Claude Bronner (Espace Généraliste):
« Quand François Fillon propose un débat sans a priori sur les franchises et le bouclier sanitaire, on ne peut qu'être d'accord, même si nous sommes méfiants : quelle franchise, et à quel taux ?
Le gouvernement est désespérément à la recherche d'économies. Nous, au-delà du bricolage que constitue la franchise, nous pouvons lui proposer des pistes : aller vers la vraie filière de soins. Ça, c'est de la réforme structurelle. »
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