MIEUX VAUT PRÉVENIR que guérir. Face au plan de redressement de la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam), qui demande à la profession des économies à hauteur de 200 millions d'euros, via des baisses de tarifs pour les radiologues et les biologistes, les syndicats médicaux préparent leur riposte, pour l'instant en ordre dispersé.
Lors de son comité directeur, l'Union nationale des médecins spécialistes (Umespe-Csmf, 38 % des suffrages aux élections professionnelles dans ce collège) a voté une motion qui demande à ses représentants de se retirer des commissions paritaires locales (CPL) et régionales (CPR). Ces instances sont les rouages de la vie conventionnelle. Ce sont elles qui orientent les efforts de maîtrise médicalisée dans chaque département. Selon Jean-François Rey, président de l'Umespe, s'il n'est pas question de quitter la convention, le comité directeur a révélé le malaise des spécialistes. Toutes les disciplines (cliniques, techniques) ont manifesté leur «solidarité totale» à l'égard des radiologues et des biologistes visés par les décotes de tarifs. «Chaque spécialité se dit qu'elle peut être frappée par des mesures brutales», argumente le Dr Rey.
Très «remontés», les spécialistes cliniciens (dermatologues, rhumatologues, endocrinologues...), dont l'activité (en CS) a chuté de près de 4 % en 2006 avec le parcours de soins, ne voient «rien venir» du côté de la réforme des consultations (Ccam clinique), qui devait redonner de l'oxygène à ces disciplines. Autre couac : les mesures de revalorisation de certains actes des pédiatres et des psychiatres, négociées en mars dernier, ne sont toujours pas en place. Et, faute de réunion de la commission de la nomenclature, la deuxième tranche de revalorisation de la Ccam technique (classification commune des actes médicaux), dont une étape devait intervenir au 1er juillet, devrait être différée de plusieurs semaines.
Bref, à quelques jours de l'augmentation du C qui passera à 22 euros dimanche prochain, les spécialistes craignent que les sujets qui les concernent soient repoussés «aux calendes grecques».
Enfin, de plus en plus de spécialistes s'inquiètent de la pénalisation financière trop dissuasive des patients en dehors du parcours de soins qui commence à donner un goût de «filière» à l'organisation des soins en France. Dans son plan d'économies, la caisse a suggéré de ne rembourser qu'à 50 % les actes hors parcours : pour beaucoup, cette politique de malus pour les patients « hors piste » découragera tout accès au spécialiste libéral.
Faute de mesure rapide donnant une «lisibilité» au système de soins, l'Umespe mettra en place les «modalités pour se retirer» d'un parcours de soins «dénaturé». Quant à lancer un mouvement sur les tarifs, par une application large des dépassements, l'Umespe prendra ses décisions «en septembre».
Coups de canif.
Le président du Syndicat des médecins libéraux (SML, 16 % des voix spécialistes) estime pour sa part que «le plan d'économies est un énorme coup de canif dans le contrat» même si, ajoute-t-il, la convention, «c'est mieux que l'aventure». Le Dr Cabrera prédit déjà «des semaines de turbulence». Il propose d'exclure du champ conventionnel le dossier de la permanence des soins (PDS), qui nourrit le ressentiment des médecins (faute d'accord sur le paiement des astreintes du samedi après-midi et des ponts). Pour le Dr Dino Cabrera, président du SML, c'est au gouvernement de reprendre en main la PDS, «puisqu'il s'agit d'une mission de service public». Et de confirmer sa menace d'un mouvement de grève des gardes dès la mi-juillet (« le Quotidien » du 21 juin). «Nous sommes entrés dans une phase de riposte graduée, décrypte-t-il. Il est temps de savoir où l'on va.»
Quant à la FMF (36 % des voix des spécialistes), non signataire de la convention, elle sera reçue aujourd'hui par Roselyne Bachelot. Son message est simple ; l' «échec» de la réforme de l'assurance-maladie, qui conduit à des mesures de «replâtrage», commande des solutions ambitieuses : une réforme du financement et la redéfinition des missions de tous les acteurs. A la tête de treize unions régionales, la FMF entend «peser» sur toutes les décisions et devenir «incontournable».
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