Le retrait sans préavis du projet de réforme de l'Ircantec a réellement surpris les syndicats de praticiens hospitaliers.
Certes, les propositions qui leur avaient été faites étaient à leurs yeux au mieux « floues et maladroites », au pire « inacceptables », mais au moins avaient-elles le mérite d'exister. Et puis, rendez-vous était pris le 20 décembre pour étudier de nouveaux montages financiers.
Maintenant, tout semble bloqué. Alors que personne ne s'y attendait.
En effet, le 24 novembre, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, tentait de rassurer les présidents des intersyndicats dans une lettre (voir ci-dessus). La semaine dernière, un courrier similaire était transmis à un grand nombre de PH via les directeurs généraux de CH et de CHU, sur demande même du ministre Xavier Bertrand.
Rien ne laissait donc présager une telle nouvelle.
Tout comme le Dr François Aubart, qui préside la Coordination médicale hospitalière (CMH) (voir interview), le Dr André Elhadad, vice-président du Snam-HP (Syndicat national des médecins des hôpitaux publics) se dit face à une « catastrophe. C'est schizophrénique ».
Des propositions « courant 2006 ».
Dans son communiqué, le ministre de la Fonction publique assure que de nouvelles propositions seront formulées « dans le courant de l'année 2006 ». La formule est suffisamment vague pour inquiéter les présidents des intersyndicats. « Nous demandons une reprise des négociations », insiste Rachel Bocher, présidente de l'Inph (Intersyndicat national des PH). « Nous voulons que Xavier Bertrand porte ce dossier comme le ferait un patron de l'industrie », réplique le Dr Didier Rea, président du Snphar (Syndicat national des PH anesthésistes-réanimateurs). « Le dossier semble échapper aux responsables du ministère de la Santé », estime également le Dr Pierre Faraggi, président de la CPH (Confédération des PH). « Si ce régime doit être remodelé, il doit l'être dans les meilleurs délais. »
Lui aussi très inquiet des récentes déclarations des chefs de clinique et des internes quant à leur démotivation, le Dr Alain Jacob, vice-président de l'Inph insiste : « Nous exigeons des solutions pour une retraite correcte de façon que les carrières hospitalières restent compétitives. »
Tous les syndicats réclament une expertise sur l'état de l'Ircantec. Jean Castex, le directeur de l'Hospitalisation et de l'Organisation des soins, s'était engagé à confier une mission au Conseil d'orientation des retraites (COR). A ce jour, aucune date n'a été fixée.
Une grève de la permanence chirurgicale dès le début 2006
« Exaspéré » par les promesses non tenues concernant la situation des chirurgiens publics, le collectif Chirurgie hôpital France, qui représente 80 % des chirurgiens des hôpitaux (et dont le Dr Aubart est le porte-parole), annonce une action d'envergure pour le début de l'année prochaine : la grève de la permanence chirurgicale. « A partir du 2 janvier, explique le Dr Aubart, dans son entretien avec « le Quotidien », « les listes de gardes seront blanches. C'est un appel aux populations et aux élus ».
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