Grogne des généralistes

Les syndicats attendent Sarkozy et maintiennent la pression

Publié le 15/04/2010
En attendant le règlement arbitral qui doit être présenté mardi, les médecins libéraux restent mobilisés sur des consignes tarifaires. Et de nouvelles actions de fermeture des cabinets ne sont pas non plus à exclure. Pourtant, l’annonce surprise de la visite du président vendredi dans un cabinet médical de Livry Gargan (93) explique l’attentisme de la profession.

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«Même si le C à 23 euros devait figurer dans le règlement arbitral, Roselyne Bachelot ne serait pas sûre d’avoir la paix ». Claude Bronner, co-président d’Union Généraliste, ne serait pas surpris qu’il y ait un geste tarifaire dans le succédané de convention que proposera mardi Bertrand Fragonard. Mais il pense que pour autant le mouvement de contestation ne s’arrêtera pas pour un « petit euro de plus ». Sans attendre le 20 avril, les deux responsables d’Union Généraliste préviennent donc la ministre de la Santé : pour calmer le jeu, il faudrait trois conditions. D’abord qu’elle reprenne à son compte un règlement arbitral qui propose la revalorisation du C. Ensuite, qu’elle intègre dans le prochain PLFSS deux suggestions de la mission Legmann: suppression du service médical obligatoire contenu dans les fameux « contrat santé solidarité » et fin de l’obligation pour un médecin de déclarer ses congés. Enfin, la ministre devra officiellement enterrer la taxation des feuilles de soins papier et renvoyer la question de la télétransmission aux prochaines négociations conventionnelles.

A Union Généraliste, on n’attend d’ailleurs pas le texte de Bertrand Fragonard pour lancer la contre-attaque. Histoire sans doute de ne laisser l’exclusivité ni à MG France, en pointe sur le Cs, ni à la CSMF qui a lancé en début de semaine la consigne du C à 23 euros. U.G. a donc décrété qu’à partir de lundi, la grève de la télétransmission devient quotidienne, générale et illimitée pour protester contre le coup d’arrêt de la cour de cassation sur le Cs. Le lendemain mardi, un mot d’ordre de consignes tarifaires tous azimuts suivra s’il ne devait rien y avoir de neuf sur le C dans le règlement arbitral. Jean-Paul Hamon promet un « dérèglement tarifaire total » de la part des médecins. Claude Bronner évoque d’éventuelles actions « stylos lourds » sur les prescriptions. « On ne se laissera pas faire » martèlent de concert les deux animateurs d’UG. La suite du programme sera définie sous huit jours, en concertation avec une intersyndicale. Mais déjà Claude Bronner annonce « sans doute un jour de grève à l’Ascension ».

A MG France, le ton est devenu subitement plus mesuré jeudi après-midi. Le syndicat semble, en effet, retenir les chevaux en attendant de connaître le contenu du règlement arbitral, mais surtout les annonces que doit faire vendredi matin le président de la République. Nicolas Sarkozy se rendra en effet dans un cabinet médical à Livry-Gargan en Seine-Saint-Denis, dans le cadre d'un déplacement consacré à la médecine de proximité avec la ministre de la Santé, a annoncé jeudi l'Élysée. Nicolas Sarkozy profitera de ce déplacement pour annoncer « les objectifs et le calendrier de la concertation » sur la médecine de proximité dont il avait annoncé le principe le 24 mars dernier. Il présentera également la personnalité à laquelle il souhaite confier la mission d’organiser cette concertation. Après la visite d’un cabinet médical prévue à 12 h 30, le chef de l’État participera à un déjeuner de travail à huis clos avec des professionnels de santé. Pour sa part, Roselyne Bachelot doit également rencontrer dès jeudi des professionnels de santé libéraux (généralistes, spécialistes, pharmaciens et infirmiers exerçant en zone rurale et urbaine) dans le Bas-Rhin à Lingolsheim, la ville dont est maire le député UMP Yves Bur.

Il reste que chez « les généralistes en colère », le ton est toujours à la revendication. « Nous sommes impressionnés par la popularité médiatique de notre mouvement » a commenté jeudi Claude Leicher, président de MG France qui appelle également tous les généralistes à prendre des dépassements sous la forme de Cs ou de C à 23 euros. « Nous n’attendons rien du règlement arbitral » affirme le chef de file de MG France, qui croit savoir que la concertation sur la « médecine de proximité » aboutira à de bonnes choses en septembre. « Raison de plus pour que les généralistes restent mobilisés » lance-t-il. Officiellement, les membres de l’intersyndicale se réuniront jeudi prochain pour décider de la suite à donner au mouvement.

Paul Bretagne et Véronique Hunsinger

Source : lequotidiendumedecin.fr