« LE QUOTIDIEN » du 14 novembre a publié une enquête sur l’Ordre national des médecins dans laquelle un certain nombre de conseillers nationaux critiquaient parfois le président de l’institution, le Pr Jacques Roland.
Anonymement, ils lui reprochaient, en vrac, d’être responsable d’une «mauvaise ambiance au Conseil national», de ne travailler «que pour lui» et de ne «rien connaître au fonctionnement» de l’Ordre. Un conseiller assurait même que «l’Ordre fonctionne de manière autocratique, avec un bureau qui prend des décisions qui vont au-delà des pouvoirs dont il dispose». Le tout sur fond de guerre de succession potentielle : Jacques Roland doit en effet être coopté de nouveau comme conseiller national par ses pairs jeudi 14 décembre ; cette procédure est le préalable nécessaire à son maintien au poste de président.
A l’occasion de cette enquête, « le Quotidien » avait naturellement souhaité donner la parole à Jacques Roland qui, après hésitation, avait décliné l’invitation, tout comme plusieurs de ses proches. De même, un certain nombre de conseillers nationaux n’avaient pas souhaité s’exprimer. Mais la publication de notre enquête a manifestement délié les langues. « Le Quotidien » a en effet reçu un certain nombre de témoignages de soutien qu’il paraît souhaitable de verser au dossier. On remarquera toutefois que les soutiens internes qui nous sont parvenus proviennent tous des conseils départementaux de l’Ordre et aucun du Conseil national.
Le président du conseil départemental de la Manche, le Dr Jean-Yves Bureau, «s’indigne» de la méthode utilisée par certains membres du Cnom, «dont le but paraît être de vouloir servir des intérêts personnels pour tenter de déstabiliser une équipe performante, menée par un président à l’écoute des préoccupations des médecins de terrain». Jean-Yves Bureau, qui assure s’exprimer au nom de l’ensemble du conseil départemental de la Manche, «tient à témoigner son soutien sans réserves à Jacques Roland, en formant le souhait que cet épisode le confortera dans son rôle de réformateur». Pour Jean-Yves Bureau, «ces polémiques parisiennes ne sont pas intéressantes; la seule chose qui nous importe est d’avoir un président pugnace et qui nous défende, ce qui est le cas».
Même tonalité, ou peu s’en faut, au conseil départemental de la Meuse, dont le président, le Dr Bruno Masson, tient à faire part de son «écoeurement: ce déballage fait état de situations complètement fausses, précise-t-il, en particulier lorsqu’il est dit que le PrRoland n’a aucun contact avec les membres des conseils départementaux. L’ambition de certains conseillers, qui avancent masqués, déshonore notre institution et discrédite toutes nos actions, alors que l’image de l’Ordre commençait à devenir meilleure sur le terrain». Pour Bruno Masson, qui souhaite insister sur la qualité du binôme formé par le président Jacques Roland et le secrétaire général Jacques Lucas, «c’est probablement le milieu des conseillers parisiens qui en veut à Jacques Roland».
Le soutien du président de la Carmf.
En Lorraine, c’est le conseil régional de l’Ordre des médecins qui tient à témoigner. Pour le président de cette instance, le Dr Gilles Munier, «les conseillers et moi-même avons été stupéfaits des propos relatés dans cet article. Nous voulons vous faire part de notre indignation face à ces critiques anonymes et infondées. En effet, poursuit-il, nous connaissons Jacques Roland comme un défenseur de la médecine générale et comme un homme de terrain par excellence. Nous sommes scandalisés que les auteurs de ces propos se cachent derrière l’anonymat sans dévoiler leur projet ordinal».
En dehors du Cnom, également, des médecins ont voulu réagir. Comme le Dr Gérard Maudrux, président de la Carmf (Caisse autonome de retraite des médecins de France), qui souhaite lui aussi apporter son soutien à Jacques Roland : «A l’Ordre, comme tous les confrères, je note depuis quelque temps des changements positifs qui se sont accélérés depuis l’arrivée du PrRoland. L’Ordre a grandement besoin de lui pour améliorer son image, un retour en arrière serait dommage. Un élu coopté est un élu comme les autres. C’est en général parce qu’il a plus de qualités que d’autres qu’il est choisi».
L’Ordre et les syndicats
Ancien secrétaire général de l’Ordre, le Dr Pierre Haehnel souhaite participer au débat actuel. On se souvient qu’il avait été, avec l’ancien président de l’Ordre, le Dr Hoerni, contraint à la démission au printemps 2002, à la suite de la signature d’un protocole sur la permanence des soins, décrié par beaucoup de médecins libéraux et de conseillers nationaux.
Pour le Dr Haehnel, la fronde qui a suivi la signature du protocole et a abouti à la démission de la moitié du bureau a provoqué un dommage collatéral : «La PDS a été exclue du champ de compétences du Cnom.» C’est le même schéma qui se dessinerait aujourd’hui selon lui, du fait notamment de dossiers comme l’EPP ou la FMC, dont les syndicats ne supporteraient pas qu’ils relèvent en partie de la compétence de l’Ordre.
Autant d’affirmations qui font bondir le Dr Michel Chassang, président de la Csmf, pour qui c’est faire «trop d’honneur à la Confédération» que de lui prêter autant de pouvoir. Plus sérieusement, Michel Chassang assure que «les difficultés supposées du président Roland n’ont rien à voir avec la Csmf. Nous entretenons avec lui les meilleures relations du monde, et il a toute mon amitié».
Mais, malgré ce « coup de chapeau » décerné à l’Ordre et à son président, Michel Chassang demande une «clarification nécessaire» entre le rôle de l’Ordre et celui des syndicats. Le président de la Csmf souhaite en effet que «l’Ordre se recentre sur ses missions historiques », à savoir l’éthique, la déontologie et le disciplinaire. «Nous refusons à l’Ordre, ajoute-t-il, le droit de s’immiscer dans des thèmes comme l’exercice professionnel, l’organisation du système de santé et la vie conventionnelle. Si le DrHaehnel s’est retrouvé vite marginalisé au sein du Cnom en 2002, c’est qu’il a voulu se parer des habits syndicaux. Tous ceux qui feront comme lui subiront le même sort. Ce que je dis ne constitue pas une attaque, mais de la légitime défense. Chacun dans son pré, et les vaches seront bien gardées.»
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature