Livres
Par Martine Freneuil
William BAYER : « Pièges de lumière »
Auteur consacré du polar « à l'américaine », William Bayer conforte son héroïne Kay Farrow, que l'on avait découvert dans son précédent roman « Mort d'un magicien », dans son rôle étrange de photographe daltonienne, ce qui lui donne évidemment une qualité de regard toute particulière, dans tous les sens du terme. L'action se situe à San Francisco, la ville où réside l'auteur, dans les milieux underground où Kay mène l'enquête après que son amie et mentor a été retrouvée morte. Et plus précisément dans le très sélect Club de Tir de la Déesse dont les armes portent des gravures érotiques, là où le pouvoir de l'argent mène à l'assouvissement des fantasmes les plus débridés...
(Flammarion, 434 p., 140 F-21,37 [219] )
Lawrence BLOCK : « La Longue nuit du sans-sommeil »
A l'origine d'une cinquantaine de romans dont une trentaine ont été traduits en français, le New-Yorkais Lawrence Block a été sacré « Grand Maître du roman policier » par les Mystery Writers of America.
Entre espionnage et polar, celui-ci met en scène un ex-espion de la guerre froide que l'on réveille après vingt-cinq ans de cryogénisation... et que ses nouveaux patrons expédient se réchauffer en Birmanie afin d'y déstabiliser le gouvernement dictatorial. Car ça chauffe pour lui, à partir du moment où il découvre un cadavre dans sa chambre d'hôtel et se lie avec une Russe trop belle pour être honnête. De quoi vérifier s'il a encore le feu sacré...
(Seuil, 263 p., 115 F-17,55 [219])
Deborah CROMBIE : « Une affaire très personnelle »
C'est à Cambridge que nous convie cet auteur du Texas, mais qui a longtemps vécu en Angleterre et que l'on a découvert l'an dernier avec « Le passé ne meurt jamais ». On retrouve ici son couple de détectives, Duncan Kincaid et sa compagne Gemma James, dans une situation un peu particulière puisque c'est l'ex-femme de Kincaid, qui l'a quitté douze ans plut tôt, qui fait appel à lui. Elle est aujourd'hui professeur à l'université, et travaille à la biographie d'une ancienne étudiante, devenue une poétesse non-conformiste dans les années 60 et qui est morte en absorbant des médicaments ; mais plus elle approfondit ses recherches, plus elle doute du suicide de la jeune femme. Très vite, les soupçons des enquêteurs vont osciller du mari à la petite bande d'amis de la poétesse, les « païens ». Une caution littéraire et universitaire qui n'empêche pas qu'un cadavre peut en cacher un autre...
(Albin Michel, 401 p., 130 F-19,84 [219] )
Patricia CORNWELL : « le Dossier Benton »
Un rappel pour ceux qui seraient passés à côté du 13e roman et donc 13e best-seller de la « mère » de Kay Scarpetta, ce médecin légiste, diplômée en droit et médecin expert de l'Etat de Virginie, qui, après avoir été amenée à autopsier les femmes que le « Loup-Garou » Jean-Baptiste Chandonne avait affreusement mutilées avant de les tuer, a elle-même failli être la nouvelle victime de ce fou meurtrier. Elle en réchappe, il est arrêté mais commence alors un autre cauchemar car, de victime, Kay risque de se retrouver au banc des accusés. Une machination qui la ramène à un passé qu'elle tente désespérément d'oublier...
(Albin Michel, 495 p., 139 F - 21,22 [219] )
Frances FYFIELD : « En pleine lumière »
La recette vaut encore pour l'Anglaise Frances Fyfield - qui est substitut du procureur - qui met en scène dans son 14e roman, l'une de ses deux héroïnes récurrentes, l'avocate Sarah Fortune. Elle intervient dans une sombre affaire de rivalité entre jumeaux incestueux, l'un devenu un industriel richissime et qui n'a jamais supporté que son frère, artiste et marginal, lui échappe et se marie. Il l'a fait condamner sous une fausse inculpation et cherche à s'en prendre maintenant à sa femme, une droguée qui essaye de s'en sortir. Une descente dans l'enfer des paumés par un auteur qui a été récompensée par le grand prix de littérature policière 1998 pour son roman « Ombres chinoises ».
(Presses de la cité, 355 p., 120 F - 18,29 [219])
Barry HUGHART : « la Légende de la pierre »
Pour qui veut sortir des sentiers battus du crime, cette deuxième aventure de Maître Li, détective nonagénaire et plus que jamais fin limier, et son surpuissant assistant Buf Numéro Dix, est une nouvelle invitation au voyage. C'est d'abord le bibliothécaire du monastère de la vallée des Chagrins qui a été assassiné ; des témoins ont aperçu le redoutable Prince qui Rit et ses horribles acolytes les Moines de la Liesse sur les lieux et ils ont entendu un son étrange, surnaturel. Pourtant, le cadavre du prince repose dans son tombeau depuis sept siècles et demi. A moins que... Des détectives de l'étrange qui raviront les amateurs d'humour, de poésie et de sagacité...
(Denoël, 333 p., 145 F - 22,11 [219])
Judith KELMAN : « l'Eté des orages »
Près de vingt ans après que sa sur Julie a été assassinée dans son lit, alors qu'elle-même avait trois ans, Anna, devenue photographe, retourne à New York où a eu lieu le drame. Le meurtre n'a pas été élucidé et l'enquête est rouverte lorsqu'une mystérieuse femme dit avoir retrouvé au pied du lit de sa fille défunte le bracelet que Julie portait le jour de sa mort. Tout alors se précipite, les morts se succèdent et le cercle se referme de plus en plus sur Anna. Le suspense dans toute sa densité...
(Payot, 381 p., 120 F - 18,29 [219])
Donna LEON : « Noblesse oblige »
Cet écrivain américain, mais qui vit à Venise et qui a reçu le Silver Dagger Award décerné par l'Association britannique des auteurs de littérature criminelle, donne là sa septième enquête du commissaire Brunetti. On se retrouve donc entre gens de bonne compagnie, dans tous les sens du terme puisque la découverte d'un cadavre décomposé mais qui, d'après la chevalière qu'il porte, pourrait être le fils d'une des plus grandes familles vénitiennes, kidnappé deux ans plus tôt et jamais retrouvé, le conduit dans l'aristocratie italienne. Qui est réticente évidemment à livrer ses secrets car le linge sale se lave en famille...
(Calmann-Lévy, 260 p., 120 F - 18,32 [219])
Toby LITT : « Doux carnage »
Avec cet auteur anglais de la jeune génération, le rythme et le ton changent. Si une histoire d'amour est au cur du récit, il s'agit d'un amour posthume et d'une histoire terrifiante, écrite dans un style violent, sur un ton à la fois ironique et désespéré : après le meurtre sanglant de sa fiancée - qui en fait l'avait largué - dans un restaurant chic et après que lui-même se soit remis de ses blessures - car le tireur a distribué trois balles à chacun - un jeune homme veut comprendre pourquoi le dernier souffle de celle-ci a été pour l'injurier. Décidément, l'amour est bien aveugle... !
(Seuil, 428 p., 129 F - 19,67 [219])
Henning MANKELL : « les Morts de la saint Jean »
Les polars suédois ne sont pas légion, aussi faut-il saluer le retour de l'inspecteur Wallander que nous avons déjà rencontré dans deux romans. Saluer aussi l'auteur qui a reçu de l'Académie suédoise le Grand Prix de littérature policière. Toujours aussi sympathique, mais assailli par le découragement et le doute car aux prises avec des soucis de santé et des problèmes sentimentaux, Wallander est d'autant plus perturbé qu'après le meurtre de trois jeunes gens le jour de la Saint-Jean, c'est au tour d'un collègue d'être retrouvé mort, défiguré. A noter que la dernière image du livre, qui risque d'accentuer l'impression de sueurs froides, est celle de la neige en train de tomber...
(Seuil, 485 p., 130 F - 19,82 [219])
Hubert MONTEILHET : « Mademoiselle le juge »
Retour à l'esprit franco-français bien qu'un peu franc-tireur d'Hubert Monteilhet, qui, avant de commettre de nombreux romans policiers, avait écrit, en 1950, « Néropolis ». La violence dans les lycées et les méandres de la justice sont au centre de ce nouvel opus : Emilienne de Couvreuse, professeur de philosophie, décide, plutôt que d'avoir recours à la justice - ce qui l'obligerait à révéler l'affront - de tuer l'élève qui l'a violée, le fils du sénateur-maire, sans se faire prendre évidemment. Les choses ne tournent pas comme prévu, on s'en doute, et voilà le lecteur ballotté entre la compréhension et la réprobation - comme peut-être madame le juge d'instruction, une personnalité hors nomes. Une façon très personnelle de traiter l'actualité...
(Robert Laffont, 237 p., 119 F - 18,14 [219])
James PATTERSON : « le Jeu du furet »
Il est des drogues de toutes sortes, dont on ne peut se passer. La drogue des quatre tristes héros du roman, c'est le goût du meurtre, qu'ils ont contracté alors qu'ils travaillaient pour le MI6, le service de renseignements britannique. Aujourd'hui, le meurtre est le principal ingrédient de leur jeu préféré, celui des Quatre Cavaliers, le jeu de rôles le plus secret du Net. Un homme seul, fut-il inspecteur diplômé de psychologie, ne peut rien contre la folie virtuelle qui fait des victimes réelles ; à moins qu'on ne s'en prenne à ceux qu'il aime...
(JCLattès, 365 p., 132 F - 20,12 [219])
Pierre REY : « l'Ombre du paradis »
S'il habite l'Irlande depuis de nombreuses années et voyage beaucoup, Pierre Rey a situé l'action de son dernier roman dans sa région natale, la Provence. C'est en effet près de Grasse que débarque une jeune Américaine, une provinciale du Wisconsin qui vient découvrir la maison qu'on lui a léguée. Mais c'est toute la Côte d'Azur, ses casinos et ses tripots, qui est l'enjeu d'une bataille rangée entre gangs internationaux, russes, américains, siciliens et j'en passe, rivaux, à laquelle l'innocente demoiselle se trouve mêlée par hasard et par malheur ; mais la police française veille... Un livre qui s'inscrit dans la lignée du « Grec », premier des huit best-sellers de Pierre Rey, en 1972.
(Denoël, 340 p., 145 F - 22,11 [219])
John SANDFORD : « Une proie certaine »
Encore une figure de connaissance, le commissaire Lucas Davenport que John Sandford - qui a reçu le prix Pulitzer de la presse écrite en 1986 - a déjà mis en scène dans douze romans dont les titres comportent le mot « proie ». On retrouve avec plaisir ce flic anticonformiste aux prises avec deux anges d'apparence mais des anges exterminateurs. Il s'agit d'une brillante avocate et d'une tueuse à gages que celle-ci engage pour supprimer l'épouse de l'homme qu'elle convoite - première victime d'une longue liste car il est bien entendu qu'un crime en appelle un autre. A coups d'intuitions autant que d'indices, Davenport se lance sur la piste de l'avocate, mais en la traquant, c'est la tueuse qu'il trouve sur son chemin. Une tueuse de charme...
(Belfond, 364 p., 120 F - 18,29 [219])
Maud TABACHNIK : « le Cinquième Jour »
« Un thriller à ne pas mettre entre toutes les mains », est-il inscrit sur la couverture ; une phrase qui, pour une fois, doit être lue non comme un appel détourné, mais comme une véritable mise en garde. Les amateurs du genre connaissent bien Maud Tabachnik, une ancienne kiné-ostéopathe qui, depuis dix ans, explore tous les registres du noir. Elle s'est inspirée ici d'un criminel qui a existé dans les années trente pour brosser le portrait d'un serial killer, cannibale à ses heures et qui, le jour, mène la vie paisible d'un employé modèle. Et c'est à une lutte sans merci qu'elle nous convie après que le tueur diabolique a enlevé la fille du flic le plus haut gradé de la police de New York à qui il fixe publiquement un ultimatum de cinq jours en défi suprême. Un combat de titans, le Bien contre le Mal, dans les quartiers chauds de la ville, qui pourrait être divertissant si les souffrances détaillées et la vie de la jeune fille n'étaient pas en jeu...
(Albin Michel, 313 p., 120 F - 18,32 [219])
Danielle THIERY : « Origine inconnue »
Danielle Thiéry est une enfant du sérail professionnel, puisqu'elle est commissaire. Son héroïne l'est également, qui mène une vie aussi paisible que le permet son métier avec sa fille Nina, dans la banlieue lyonnaise, jusqu'au jour où elle reçoit l'héritage d'un ami de son père dont elle n'avait plus de nouvelles depuis trente ans, qu'elle apprend que celui-ci est mort assassiné et qu'il était un braqueur fameux qu'on n'a jamais réussi à arrêter. Il lui faut absolument savoir quels liens unissaient son père, un flic, à ce gangster. Dès qu'elle se rend dans le petit village où habitait le défunt, les agressions et les morts vont se succéder...
(Robert Laffont, 364 p., 129 F - 19,67 [219])
Jean-Baptiste TILLOL : « le Jeu d'Axel »
Un seul roman, « Chan », paru en 1992, a décidé de son futur : Jean-Baptiste Tillol a abandonné sa carrière informatique pour se consacrer à l'écriture. Mais comme on ne parle bien que de ce qu'on connaît, Axel, son héros, est un expert informatique ; machiavélique, se doit-on d'ajouter, et surtout joueur - comme l'auteur ? Tout commence par la découverte, dans un hôtel chic de la rue de Lille à Paris, du cadavre d'un homme tué par balle et qui porte sur une fesse le tatouage d'une carte à jouer, la dame de trèfle, qui curieusement ne porte pas le nom d'Argine mais celui de Rachel, la dame de carreau. C'est le début d'une partie où s'affrontent Axel le joueur impitoyable, un flic au bout du rouleau et quelque peu marginal, un photographe gentiment obsédé et une blonde journaliste en cavale, de Paris à New York, des Bahamas à Halifax. Les dames puis les rois, les rouges puis les noires dévoilent à leur tour le dessous des cartes...
(Seuil, 500 p., 135 F - 20,58 [219])
J. WALLIS MARTIN : « le Poids du silence »
Le premier roman de cet auteur née dans le Sussex en 1956 traduit en français ; son premier livre a été sélectionné pour le prix Edgar et adapté pour la BBC, le deuxième est en cours d'adaptation cinématographique. Celui-ci met en scène un policier qui, au cours d'un hold-up qui tourne mal, abat le rejeton d'un redoutable truand qui, pour se venger, enlève son fils. Il fait alors appel aux deux hommes dont il n'a eu de cesse de s'affranchir : son père, un bandit mythique de la « vieille école » et celui qui l'a élevé pendant quinze ans, un policier ; deux ennemis et rivaux amenés à s'épauler pour lutter contre les nouveaux caïds qui ressemblent à s'y méprendre à de richissimes hommes d'affaires. Un livre d'atmosphère autant que d'action...
(Belfond, 318 p., 120 F - 18,29 [219])
Le frisson incarné
Le seul nom de Mary Higgins Clark provoque des frissons : frissons de plaisir à l'idée de frissonner d'angoisse en découvrant son nouveau récit. Et comme la dame n'est pas avare, livrant en général un roman pour les fêtes de Noël et un autre pour les vacances de l'été, elle offre ainsi à ses nombreux lecteurs - ce dernier opus a été tiré d'emblée à 350 000 exemplaires et figure depuis trois semaines en tête des ventes en France - un frisson quasi perpétuel.
Il est vrai que ses romans se lisent vite : l'intérêt de l'intrigue sans doute et la fluidité de l'écriture qui ne s'embarasse pas de psychologie érudite.
« Dans la rue où vit celle que j'aime » est l'histoire d'une jeune avocate new-yorkaise qui revient s'installer dans la maison de famille d'une petite station balnéaire ; là où un siècle auparavant fut assassinée une de ses ancêtres alors qu'elle était jeune fille. Et justement, on retrouve en effectuant des travaux un, non, deux cadavres de femmes ; puis d'autres corps de mortes plus récentes ! Et Emily, qui se sent épiée, traquée, reçoit un jour des photos d'elle prises à son insu : quelqu'un lui veut du mal !
Pour Mary Higgins Clark, tous les habitants de la petite ville de Spring Lake sont suspects, du restaurateur à l'agent immobilier, au professeur et même le docteur...
Si le tueur demeure insaisissable, il semble de plus en plus certain que de mystérieux liens le rattachent aux victimes du passé : et si un serial killer du XIXè siècle s'était réincarné ?
Albin Michel, 423 p., 139 F (21,22 [219])
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