L'art pour témoin
Un beau sujet à la fois culturel et scientifique déniché par « La Presse médicale » en janvier 1910 : le Louvre expose, au premier étage, parallèlement à la Seine, dans l'ancien musée Campana (Musée de la céramique antique), une riche collection de terres cuites, don de P. Gaudin.
Dans la salle M, consacrée à Smyrne et à l'Asie Mineure, le visiteur découvrira « des sujets pathologiques très reconnaissables exprimant fidèlement les cas cliniques les plus communément observés », indique « la Presse médicale » du mercredi 26 janvier 1910.
Une statuette représente « un beau cas de mal de Pott avec deux gibbosités, l'une derrière, l'autre devant ». On voit également d'autres bossus et quelques rachitiques .
Ailleurs, un homme vu de dos, présente un « superbe spina bifida ». Puis deux statuettes représentent un homme et une femme qui ont tous deux une hernie ombilicale.
Chez un homme dont les bourses sont trop grosses, on hésite entre une oschéocèle (une hernie inguinale dont le sac herniaire descend dans les bourses) et une tumeur des bourses.
Plus loin, on découvre une femme « aux mamelles pendantes affligée d'une hernie ombilicale » ; plus loin encore , une femme avec une hypertrophie mammaire unilatérale.
Devant une femme dont le ventre est gros, on peut hésiter entre une grossesse ou une tumeur abdominale .
On découvre ensuite une femme « présentant un cas très net de stéatopygie », à savoir un développement exagéré du tissu adipeux des fesses, caractéristique notamment des femmes bochimanes et hottentotes.
On en vient ensuite aux déformations vertébrales, avec différentes représentations de scoliose et de torticolis.
On poursuit la visite avec un homme qui présente une loupe sur la tête, des hommes « au nez effondrés par la syphilis », de nombreux bustes à figure asymétrique « qui indique sûrement une paralysie faciale ».
Une statuette représente « un type d'idiot aux lippes scrofuleuses ». Rappelons que l'idiotie est le degré le plus grave de l'arriération mentale, caractérisé par un quotient intellectuel inférieur à 25. Le sujet atteint d'idiotie est incapable d'acquérir le langage, d'être autonome et même de se préserver contre les dangers physiques.
On continue et l'on rencontre des statuettes de « sujets masculins à dolichocéphalie exagérée ou à scaphocéphalie ». La scaphocéphalie est une déformation du crâne en proue de bateau, caractérisée par l'étroitesse et l'allongement antéro-postérieur du crâne ; elle est due à une ossification prématurée de la suture sagittale.
Et encore des hommes à oreilles en éventail, « évoquant l'émaciation, la phtisie ? ». Ou « un pied plat d'une longueur exagérée ».
Enfin, il faut souligner l'intérêt d'une figurine qui représente « une femme avec une grande ouverture au milieu du ventre ; de ses mains, en guise de rétracteurs, elle écarte les bords de la plaie. S'agit-il d'une opération césarienne ? Il est permis de le croire. »
A quoi servaient ces figurines exposées au Louvre ? « Il s'agit probablement de statuettes destinées à l'enseignement médical », suggère « la Presse médicale » .
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