L'HYPOTHÈSE est suffisamment nouvelle pour avoir justifié une séance particulière au cours du 102e Congrès de l'Association américaine d'urologie, à Anaheim, en Californie. Cette notion récente suggère que les statines pourraient faire baisser les taux de PSA et agir de façon positive sur le cancer de la prostate.
Le principe thérapeutique se fonderait sur le rôle du cholestérol dans la synthèse de testostérone, laquelle favorise la croissance tumorale au sein de la prostate. Moins d'hormones mâles conduirait à un ralentissement de la croissante tumorale.
Allant dans le sens de « l'hypothèse statine », une équipe de Birmingham (Alabama) s'est intéressée au déclin de la mortalité par cancer de la prostate enregistré aux Etats-Unis et à certains facteurs susceptibles de l'influencer (PSA, obésité, diabète, hyperlipidémie…). C'est ainsi que sont apparus, en ce qui concerne la baisse de la mortalité, des liens directs avec l'hyperlipidémie et avec le dépistage par PSA, chez les Blancs (avec la couverture sociale chez les Noirs). Cette relation inattendue avec le cholestérol pourrait être le fait d'une augmentation des prescriptions de statines.
Baisse du PSA de 1,1 % pour chaque diminution du LDL de 10 mg/dl.
Un peu plus circonspect est le travail des universités Duke et Johns Hopkins, à partir du suivi de 1 545 hommes âgés, en moyenne, de 60,1 ans. Ces participants avaient en moyenne un PSA à 0,92 ng/ml et un LDL à 152 mg/dl (avant statine). Sous traitement, les auteurs ont constaté une baisse du PSA de 1,1 % pour chaque diminution du LDL de 10 mg/dl. Si l'influence de l'hypolipémiant sur l'examen de dépistage semble acquise, les auteurs s'interrogent sur l'influence du traitement sur le dépistage du cancer prostatique.
C'est une forme de réponse que leur apportent des chercheurs finlandais d'Helsinki. S'intéressant au taux de PSA chez des hommes sous statines, ils ont constaté une moindre incidence des cancers prostatiques, par rapport aux non-utilisateurs. Cette baisse concerne les tumeurs classées T3 et celles au score de Gleason à 5 ou 6. Enfin, les taux de PSA et les rapports PSA libre/PSA total étaient également améliorés. Les hypolipémiants d'autres classes pharmacologiques n'ont pas eu les mêmes actions.
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