Il existe aujourd'hui de plus en plus d'éléments indiquant que la pratique intensive de certaines activités physiques contribue à l'apparition d'une hyperréactivité bronchique. Dans un article, publié récemment dans Respiratory Medicine (Respir Med 2003;97:109-14), deux Québécois, Jean-Bruno Langdeau et Louis-Philippe Boulet, ont passé en revue une vingtaine d'études sur la prévalence de l'asthme chez les athlètes. D'après leur analyse, la prévalence de l'asthme apprécié de façon subjective par les médecins ou par les athlètes eux-mêmes (autoquestionnaire) se situe aux alentours de 10 %, mais atteint, voire dépasse, 20 % dans les études s'appuyant sur des critères objectifs comme l'hyperréactivité bronchique (HRB) ou la bronchoconstriction à l'effort.
L'asthme s'installe beaucoup plus vite
Une équipe suisse de Davos a évalué la progression de la réactivité bronchique chez des athlètes pratiquant le triathlon (course à pied, course cycliste et natation) à haut niveau. Sept membres de l'équipe nationale suisse, qui ne présentaient aucun signe d'asthme au départ, ont été suivis, entre 2001 et 2003. La réactivité bronchique, évaluée d'après la baisse du VEMS à l'effort, a augmenté régulièrement durant les deux ans de suivi chez ces 7 athlètes, au point que, par extrapolation, le seuil fatidique de 10 % de baisse du VEMS définissant l'hyperréactivité bronchique à l'effort aurait été atteint en moins de cinq ans (4,63 années). D'après ces chercheurs, cela signifie que la vitesse d'apparition d'un asthme est 144 fois plus élevée que celle de la population générale.
L'équipe grenobloise de B. Wuyam a, quant à elle, suivi 39 athlètes pratiquant un sport d'endurance (ski de fond ou triathlon) qui ont été comparés à 13 non-sportifs servant de témoins. D'après les résultats présentés, 15 de ces athlètes présentaient une réactivité bronchique anormale : sept lors d'un test à la méthacholine, cinq à l'effort et trois au deux. Huit avaient une baisse du débit expiratoire à l'effort parmi lesquels seulement cinq avaient une réactivité bronchique anormale. Tous ceux qui avaient, soit une hyperréactivité bronchique, soit une baisse du débit expiratoire à l'effort signalaient davantage de symptômes que les autres et tous ceux qui avaient une réactivité bronchique anormale avaient des signes d'inflammation bronchique plus marqués que les autres athlètes et que les témoins (augmentation du nombre d'éosinophiles plus importante et concentrations de NO exhalé supérieures).
Certains auteurs ont suggéré que ces anomalies pourraient être provoquées ou aggravées par la façon de respirer des sportifs au cours des efforts intenses. En effet, ils respirent en général par la bouche et beaucoup plus violemment. Les particules atmosphériques, qui ne sont plus filtrées par le nez et les sinus, pénétreraient ainsi en plus grand nombre, plus profondément et à une vitesse supérieure. Par ailleurs, l'air inspiré de la sorte provoque un refroidissement de l'arbre bronchique qui, à son tour, entraîne la libération de médiateurs dont l'action pourrait être délétère. Mais il ne s'agit là que d'hypothèses qui n'ont jusqu'à présent pas encore été confirmées scientifiquement.
D'après les communications de B.H. Knöpfli (Davos) et de B. Wuyam (Grenoble).
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