DE NOTRE CORRESPONDANTE
CRÉÉ il y a un peu moins d'un an, l'Icot, qui rassemble 150 chirurgiens français de l'obésité, poursuit son action de lobbying auprès des instances médicales dirigeantes, principalement de la Cnam, pour « faire reconnaître l'obésité comme une maladie » et obtenir in fine que la chirurgie de l'obésité « ne soit plus cotée par assimilation mais inscrite et mise en application dans la classification commune des actes médicaux ». Dans cette droite ligne, elle annonçait en septembre dernier (« le Quotidien » du 3) qu'elle voulait s'engager dans l'élaboration de règles de bonnes pratiques et de nouveaux référentiels. Lors d'une deuxième rencontre avec la Cnam en octobre 2002, la caisse aurait confié à l'Icot la mission de rédiger un consensus sur les référentiels globaux.
Précisions.
« Jusqu'à présent, nous disposions de recommandations, écrites en 1998 par les sociétés savantes médicales qui n'avaient pas libellé précisément les indications », estime le Pr Jean Mouïel, professeur à la faculté de médecine de Nice, président du bureau français de l'Icot. Et de citer l'exemple du traitement médical bien conduit qui doit précéder l'acte chirurgical : « En France, on indique que ce traitement doit durer un an. Or les médecins-conseils ont traduit qu'il fallait faire un an de régime avant de faire la demande. Nous avons donc précisé que cette durée s'entendait par période cumulée avant la consultation chirurgicale. » Dans un premier temps, l'Icot a réalisé une enquête d'opinion auprès des chirurgiens de l'obésité, afin de tester à la fois la charte et le référentiel de bonnes pratiques respectivement élaborés par cette société savante. Sur 349 chirurgiens contactés, 170, ayant réalisé 31 239 gastroplasties, ont répondu. Au total, 77 % des chirurgiens interrogés disent approuver la charte et 76 % indiquent qu'ils sont d'accord avec le référentiel proposé. Après avoir consulté toute la littérature scientifique sur ce thème, l'Icot a affiné ses propres recommandations, « pour améliorer la sécurité des patients, développer une recherche assurance qualité et promouvoir une formation des chirurgiens et une pédagogie de patients », affirme le Dr Salomon Benchetrit, président de l'Icot et chirurgien à la clinique privé Jeanne d'Arc (Lyon).
Vers un Acbus ?
Aujourd'hui, les représentants de cette société savante souhaiteraient que ce travail soit réellement pris en compte par l'Anaes (Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé) et par la Cnam, puis qu'il serve de base aux syndicats, pour signer un Accord de bon usage des soins (Acbus). « La chirurgie est le seul recours contre l'obésité morbide et cela vient d'être prouvé de façon magistrale par l'étude suédoise Swedish Obesity Study (SOS) conduite sur dix ans, rappelle le Pr Mouïel ; le problème, en France, est donc de l'organiser. » Il est vrai qu'en Suède le système de remboursement conditionné par le suivi du malade permet sans doute de mieux gérer les complications postopératoires et assurer une prise en charge optimale des patients, avant et après l'intervention. « Nous ne nions pas les complications liées à cette chirurgie, observe le Dr Benchetrit, c'est pourquoi nous demandons d'encadrer la pratique. » L'Icot recommande d'ailleurs un suivi multidisciplinaire du malade, à long terme, assuré par un médecin coordinateur, et une triple évaluation des procédures, des pratiques professionnelles et des coûts. La balle semble donc être dans le camp de la Cnam, qui devrait prochainement rendre publique une vaste enquête nationale sur la chirurgie de l'obésité. Une enquête décidée en septembre 2002, après que l'Urcam Rhône-Alpes est révélé, l'existence de pratiques chirurgicales contestables, en la matière.
* Icot, International College for Obesity Treatment.
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