Les nuages continuent de s'amonceler dans le ciel d'Elisabeth Guigou.
Alors que le mouvement des généralistes rebondit et se radicalise avec le renfort des coordinations (« le Quotodien » d'hier), les spécialistes libéraux haussent le ton pour obtenir une revalorisation de leurs honoraires et décrètent la mobilisation tous azimuts.
Majoritaire, l'Union nationale des médecins spécialistes confédérés (UMESPE-affiliée à la CSMF), a appelé (avec le SML) les spécialistes libéraux à fermer leur cabinet le 15 février pour la prochaine « Journée sans toubib » et à préparer en masse la manifestation nationale unitaire du 10 mars. L'utilisation « large » du dépassement exceptionnel d'honoraires (DE), la grève de la télétransmission et des vacations hospitalières sont vivement encouragées. Chaque région et chaque « spécialité verticale » est invitée à accentuer la pression. « Il y a le feu à la médecine spécialisée, affirme le Dr Jean-François Rey, secrétaire général de l'UMESPE. Après Juppé, Aubry et Guigou, les spécialistes sont totalement désabusés avec des honoraires bloqués depuis 1995. Un tiers des spécialistes en secteur I utilisent déjà le DE, les gynécos, les pédiatres et les anesthésistes sont très remontés, les gastros ont annoncé des actions en mars, et on se fait régulièrement remonter les bretelles par des spécialistes qui trouvent que nous ne sommes pas assez virulents. »
Afin de « rétablir la confiance », l'UMESPE exige deux « gestes forts ».
Le premier est la négociation à court terme d'une convention unique pour tous les médecins libéraux. En vigueur depuis trois ans faute de convention pour les spécialistes, le règlement conventionnel minimal pénalise en effet lourdement les spécialistes installés en secteur I, un état de fait jugé désormais « intolérable » par l'UMESPE.
Des consultations à plusieurs niveaux
D'autre part, pour revaloriser les honoraires des spécialistes de chaque discipline, l'UMESPE demande la mise en place « avant les élections » de la nouvelle nomenclature des actes des spécialistes avec deux volets bien distincts : les « actes techniques », d'une part (le chantier engagé dans le cadre de la classification commune des actes médicaux n'est pas achevé), mais aussi « les consultations » des spécialistes.
En ce qui concerne ce volet clinique, l'UMESPE propose de distinguer trois niveaux de consultation dont il faudra valider le contenu médical. La consultation de premier niveau, rémunérée à hauteur de la consultation de base actuelle du spécialiste, correspondrait à un faible nombre d'actes « simples, courants et succincts ».
La consultation de niveau 2, nécessitant un examen approfondi, concernerait les actes habituels de chaque spécialiste et ferait l'objet d'une majoration d'un tiers par rapport au tarif de la consultation de niveau 1.
Enfin, le troisième niveau regrouperait les consultations particulièrement « lourdes », fréquentes, notamment en médecine interne, neurologie ou psychiatrie, et qui seraient rémunérées « deux fois » la consultation de niveau 1. « On peut imaginer qu'en radiologie ou en médecine nucléaire, la répartition soit 50 % de consultations de niveau 1, 45 % de niveau 2 et 5 % de niveau 3, précise le Dr Rey. En revanche, en médecine interne, endocrinologie, psychiatrie ou neurologie, on aurait seulement 5 % de consultations de niveau 1, 35 % de niveau 2 et 60 % de niveau 3. « En cardiologie, ajoute-t-il, ce serait plutôt 30 % de consultations de niveau 1, 30 % de niveau 2 et 40 % de niveau 3, etc. »
Selon l'UMESPE, cette nouvelle grille des consultations spécialistes « qui a exigé neuf mois de travaux techniques » représenterait une facture de 530 millions d'euros de revalorisation d'honoraires.
Quant à la refonte de la nomenclature des actes techniques, actuellement en panne, l'UMESPE en attend 300 millions d'euros de revalorisation d'honoraires, enveloppe qui profiterait surtout « aux spécialistes actuellement en bas de l'échelle des revenus ».
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