UN PEU partout en France, la psychiatrie publique s'est mobilisée mardi, organisant des assemblées générales dans les établissements, voire des grèves (hôpital psychiatrique de Montfavet, dans le Vaucluse, de la Maison Blanche, en région parisienne). L'Idepp, l'Intersyndicat de défense de la psychiatrie publique, réuni en assemblée générale à Sainte-Anne, à Paris, appelle désormais les psychiatres publics à une grande journée de mobilisation et de grève, qui devrait se dérouler dans les deux dernières semaines de janvier.
D'ici là, l'Intersyndicat indique qu'il se joindra aux diverses actions de défense de l'hôpital public et des praticiens hospitaliers. Il devrait donc exprimer sa solidarité auprès des chirurgiens, des urgentistes et de la CPH (Confédération des praticiens des hôpitaux) qui prévoient une journée d'action la semaine prochaine pour la défense, entre autres, de l'Ircantec (la retraite complémentaire des PH).
De 800 à 1 000 postes vacants.
L'Idepp dénonce une crise de la psychiatrie publique autour de trois volets. La crise est budgétaire, d'abord. « Nous estimons que les crédits budgétaires pour l'hôpital ont diminué de 2 %, explique le Dr Norbert Skurnik, président du Syndicat des psychiatres de secteur (SPS). Si l'on chiffre les acquis du plan Santé mentale à + 2 %, on peut dire qu'il n'aura fait que colmater le trou. » Mais sans donner aux établissements les nouveaux moyens budgétaires qu'ils réclament.
Face aux psychiatres, impatients de voir venir dans leurs établissements les budgets prévus par ce plan, Jean Castex, le directeur de l'Hospitalisation et de l'Organisation des soins (Dhos), demandait il y a quelques semaines d'attendre la fin de l'année pour faire les calculs et juger sur pièce.
La crise est également, et comme pour beaucoup d'autres spécialités, démographique. « Nous comptons entre 800 et 1 000 postes vacants de psychiatre publics et plusieurs milliers de postes d'infirmière », précise encore le Dr Norbert Skurnik.
La prime « multisite ».
Enfin, l'Idepp axe son action sur trois « avancées » qui lui semblent « mises en danger ». Elle réclame que la nomination des praticiens hospitaliers et des chefs de service reste de l'autorité du ministre de la Santé. Les discussions qui ont lieu actuellement à la Dhos sur le statut du PH semblent plutôt aller dans ce sens. L'Intersyndicat espère, en outre, que les futurs pôles hospitaliers correspondront aux secteurs de psychiatrie. Ces secteurs, instaurés par une circulaire ministérielle dans les années 1960 et qui représentent une unité administrative d'environ 70 000 habitants (adultes et 200 000 enfants), ont comme principe de coordonner des équipes soignantes chargées à la fois de la prévention, du diagnostic précoce, du traitement et du suivi des patients.
L'un des objectifs est d'assurer le plus souvent possible le traitement du patient en dehors de l'hôpital psychiatrique et au plus près de son milieu de vie habituel.
Cette politique de secteur constitue « un progrès humaniste indiscutable » pour le Dr Skurnik et qu'il faut à tout prix préserver. Or c'est précisément la sectorisation qui est à l'origine de la troisième grande revendication de l'Idepp : l'attribution de la prime multisite.
Cette prime, qui s'élève à 400 euros par mois, est allouée aux médecins qui exercent dans différents établissements. Les psychiatres n'en bénéficient pas, bien que ce soient « ceux qui bougent probablement le plus », assure le Dr Skurnik, puisqu'ils peuvent exercer dans divers établissements du même secteur. Or les différents centres, bien qu'ils soient souvent éloignés les uns des autres, appartiennent à la même unité juridique.
Le système semblait débloqué depuis le 1er juillet, mais les psychiatres n'ont encore rien reçu. L'allocation devrait être rétroactive. Ce problème reste, aux yeux du président du SPS, « bien symbolique de la façon dont on se moque de nous ».
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