Généraliste à Saint-Loup-Sur-Semouse (Haute-Saône), le Dr Alain Studer a été agressé vendredi soir dernier, alors qu’il regagnait sa voiture à la fin de sa consultation. Deux malfaiteurs cagoulés l’ont roué de coups et menacé de mort. Très choqué, Alain Studer a dû interrompre son activité professionnelle. Sa mésaventure viendra tristement gonfler les statistiques 2009 de l’Observatoire de la sécurité des médecins, mis en place par Ipsos pour le compte du Conseil national de l’ordre des médecins en 2003. L’agression d’Alain Studer a eu lieu à quelques jours avant la publication des résultats de cet observatoire pour l’année 2008. L’année dernière, après un pic enregistré en 2007 avec 837 déclarations recensées, les agressions contre des médecins semblent s’être stabilisées. L’observatoire affiche en effet 535 incidents en 2008. Une baisse qu’il est « difficile de pouvoir interpréter », selon l’Ordre, qui penche davantage pour de moindres déclarations, que pour un réel recul des agressions contre des praticiens.
La Seine-Saint-Denis en tête
Si le nombre des déclarations n’est pas en augmentation en 2008, d’autres indicateurs restent, eux, extrêmement stables. Ainsi enregistre-t-on toujours, comme chaque année depuis 2003, une « surreprésentation des médecins généralistes » parmi les victimes d’agression dans le cadre de leur exercice. Représentant 51 % du total des médecins en France, ils sont à l’origine de 62 % des déclarations faites à l’Observatoire, tandis que 35 % des incidents concernent les spécialistes qui représentent 49 % du corps médical. Les ophtalmologistes et les psychiatres restant les spécialistes les plus souvent agressés. Même stabilité concernant la répartition géographique des agressions : la Seine-Saint-Denis reste le département où sont déclarés le plus d’incidents, même si le nombre de déclarations a baissé l’année dernière à 39, contre 59 en 2007. Le Val d’Oise vient ensuite (33 fiches recensées), puis le Nord (27), Paris (22), la Seine-Maritime (20), la Seine-et-Marne (19), les Hauts-de-Seine (17) et le Val-de-Marne (14). Les trois-quarts (72 %) des incidents ont lieu en médecine de ville, et dans 61 % des cas, au cabinet.
L’agression verbale entre un patient et le praticien reste le premier motif des incidents déclarés : 29 % de déclarations en 2008, soit un point de plus qu’en 2007. Le vol et le hold-up viennent ensuite, qui compte pour 19 % des déclarations. Le plus souvent, une attente jugée trop longue est à l’origine de l’agression (9 %), ou un refus de prescription (8 %), une tentative de vol ou le vol (7 %). Mais le plus souvent (26 % des cas), aux dires des déclarants, l’agression survient sans motif. Le pourcentage (8 %) d’agressions ayant occasionné une interruption temporaire de travail pour le praticien ou pour quelqu’un travaillant avec lui, reste stable. Près de 4 incidents sur 10 ont donné lieu à une action juridique de la part du médecin.
Pour rendre ce panorama de l’insécurité des médecins exhaustif, il serait bon que l’Observatoire intègre à l’avenir dans ces indicateurs le sexe des déclarants, ce qui permettrait de connaître la répartition hommes/femmes parmi les médecins victimes d’agression.
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