Le mouvement de contestation des professions médicales pour obtenir rapidement de substantielles revalorisations d'honoraires est en train de faire boule de neige à l'approche de l'hiver mais surtout des échéances électorales.
Après les généralistes, lancés depuis le 15 novembre dernier dans une grève des gardes pour exiger principalement « un C à 20 euros (131,20 F) et un V à 30 euros (196,79 F) », les spécialistes libéraux entrent à leur tour dans la bataille des honoraires.
L'Union nationale des médecins spécialistes confédérés (UMESPE, branche spécialiste de la CSMF, majoritaire) exige une revalorisation « immédiate » de l'ensemble des lettres clés et forfaits liés à l'activité des spécialistes.
La revendication porte sur un Cs à 30 euros (196,79 F au lieu de 150 F), un Cpsy à 45 euros (295,18 F au lieu de 225 F), un V spécialiste à 30 euros (196,79 F contre 135 F) et un V psy à 45 euros (295,18 F contre 205 F). L'UMESPE demande également que la valeur des lettres clés K, KE, KC et KCC soit portée à 2,5 euros (16,40 F contre 12,60 F pour les deux premières et 13,70 F pour les deux dernières) et que la valeur du Z1 soit portée à 2 euros (13,12 F contre 10,60 F). Enfin, pour les lettres clés Z2 et Z3, la valeur unitaire exigée par l'UMESPE est de 1,8 euro (11,81 F contre respectivement 10,10 F et 8,70 F). Les autres actes (P, B, etc.) et forfaits spécialistes doivent être réévalués « dans les mêmes proportions ». L'UMESPE chiffre la facture globale de ces revalorisations à 3 milliards de francs, une estimation sans doute bien en dessous de la réalité. « On travaille depuis six mois sur la tarification des actes de spécialistes, explique le Dr Jean-François Rey, secrétaire général de l'UMESPE. Mais devant les exigences pressantes de nos syndicats verticaux (c'est-à-dire les syndicats de chaque spécialité) et dans le contexte de ras-le-bol général du corps médical qu'on observe avec les internes, les attachés, les médecins de famille, après les gynéco-obstétriciens ou les cliniques, nous avons décidé de nous faire entendre alors que les honoraires des spécialistes sont bloqués depuis 1995 et que les charges ne cessent d'augmenter. »
L'UMESPE donne au gouvernement jusqu'au 15 février 2002 pour répondre à ses revendications tarifaires. « Sans réponse du gouvernement, annonce le Dr Jean-Luc Jurin, premier vice-président de l'UMESPE, il y aura des actions dures » comme « la grève de la télétransmission », des journées « santé morte » dans les cabinets et les cliniques ou la grève des vacations.
En attendant cette date butoir, tous les spécialistes libéraux sont appelés à « appliquer massivement » le mot d'ordre, donné dès novembre, d'utilisation large du dépassement d'honoraires grâce à la procédure du DE (qui correspond à un droit à dépassement d'honoraires pour exigences particulières du patient). L'UMESPE estime que ce DE peut être appliqué pour les actes pratiqués en dehors des heures affichées ou encore les « dossiers complexes et demandes médicales multiples » au cours de la même consultation. « Actuellement, la médecine spécialisée n'existe pas dans les programmes politiques », déplore le Dr Jurin. Même si les gendarmes, les policiers, les cliniques, les hôpitaux publics et beaucoup d'autres ont été les premiers à bénéficier des largesses du gouvernement Jospin, il n'est sans doute jamais trop tard, selon les spécialistes, pour se faire entendre.
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