C'est un signe d'apaisement. Une partie des spécialistes libéraux que le ras-le-bol avait conduit au déconventionnement au début de l'été ont réintégré pour un temps le giron de l'assurance-maladie.
Il y a une semaine environ, vingt-huit obstétriciens, ophtalmologues, pédiatres, rhumatologues... sarthois ont ainsi mis un terme - provisoire, car ils se réservent la possibilité de recommencer leur opération le 1er janvier 2004 - à 47 jours de vie hors convention médicale. Un mois et demi qui n'a pas, semble-t-il, bouleversé leur existence professionnelle. La caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) du département affirme qu'elle a reçu plus de 800 lettres de patients mécontents ; mais les médecins disent avoir poursuivi leur petit bonhomme d'exercice pendant ces 47 jours. Y compris les onze gynécologues-obstétriciens de la seule maternité privée de la Sarthe, la clinique mancelle du Tertre Rouge, tous déconventionnés (« le Quotidien » du 9 juillet) et dont les accouchements, facturés 313,50 euros, ont été remboursés par la CPAM sur la base de 10, puis finalement de 45 euros. « En 47 jours, nous avons effectué un peu plus de 300 accouchements », compte le Dr Jack Mouchel, obstétricien à la clinique du Mans. Il précise que ce chiffre correspond à une fuite d'environ 15 à 20 % de patientes vers le centre hospitalier voisin. Et poursuit : « L'activité chirurgicale a été conforme à ce qu'elle est d'habitude en période estivale. Les patients sont venus largement en consultation, dans toutes les spécialités. »
Vu du côté des praticiens, le bilan de l'opération « déconventionnement » paraît plutôt positif : les tarifs d'autorité n'ont pas poussé les clientèles à déserter les cabinets ; les spécialistes ont fait l'expérience et la preuve qu'ils pouvaient « vivre en dehors de la convention » ; la caisse et les médecins en colère, après avoir échangé quelques piques en juillet (dans une lettre aux assurés sociaux, la caisse indiquait que les praticiens avaient choisi de les « pénaliser »), ont fini par trouver « un accord entre gens semblant a priori de bonne volonté », selon les termes du Dr Mouchel. Un groupe de travail paritaire rassemblant médecins, CPAM et direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (DDASS) va se réunir dès la semaine prochaine. Il sera chargé, explique la caisse, de proposer des « solutions concrètes assorties de moyens adéquats d'ici à la fin de l'année » aux « difficultés actuelles de l'exercice de la médecine libérale spécialisée et tout particulièrement de la gynécologie ». Des réponses locales aux problèmes spécifiques du département de la Sarthe, et notamment l'impossibilité d'y recruter des obstétriciens en secteur I, vont être recherchées.
Comment les fils du conflit se sont-ils dénoués ? C'est au début du mois d'août que, restés en contact tout au long de l'été, la CPAM et les médecins de la Sarthe ont cessé de se regarder en chiens de faïence. « La caisse a constaté que l'activité des médecins déconventionnés se maintenait, qu'un certain nombre d'entre nous se trouvaient très bien comme ça, et que la situation risquait de durer », analyse le Dr Mouchel.
Des consignes de détente, qui n'ont pas concerné que la Sarthe, ont sans doute aussi été données à l'échelon national de l'assurance-maladie. En effet, les vingt-deux spécialistes déconventionnés de l'Orne - parmi lesquels figuraient l'ensemble des seize ophtalmologistes libéraux du département - ont, eux aussi, provisoirement suspendu leur mouvement commencé fin juin. Leur représentant explique que cette décision vise à « l'apaisement avec la CPAM » et intervient afin que « les patients soient remboursés ».
De son côté, la CPAM de l'Orne insiste sur « l'importance » de la « reprise du dialogue ».
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