PAS QUESTION de laisser un boulevard aux adversaires de la convention. L'Union nationale des médecins spécialistes confédérés (Umespe-Csmf), qui fournit les gros bataillons de spécialistes syndiqués, va maintenant consacrer son énergie à « l'explication de texte sur le terrain » après des négociations « difficiles, fatigantes, complexes ». Un « service après-signature » destiné à rassurer les « verticalités » (les spécialistes de chaque discipline), mais aussi les patients. L'Umespe s'apprête à diffuser une affiche dans les salles d'attente qui rappellera que le spécialiste « expert de vos problèmes de santé » pourra certes être consulté « en coordination avec votre médecin traitant », mais aussi « directement si vous souhaitez son avis ». Faut-il voir dans ce message une incitation à consulter le spécialiste en accès libre, en dehors des parcours de soins ? « Pas du tout, jure le Dr Jean-François Rey, président de l'Umespe. Juste le rappel que le libre arbitre du patient et l'accès direct au spécialiste existent toujours... »
Retrouver la culture conventionnelle
Il s'agit également de mobiliser les troupes confédérales pour « reconstruire » après plus de dix ans de « disette » conventionnelle (la convention sur les références médicales opposables - RMO -, signée par la Csmf, remonte déjà à 1993). Dans chaque département, l'Umespe demande à ses cadres une implication particulière dans les prochaines semaines, notamment pour installer les nouvelles instances paritaires caisses-médecins. Le Dr Rey est convaincu que « la réussite de la convention sera locale ». Ou ne sera pas : le défi consistera à respecter les objectifs de maîtrise médicalisée, déclinés régionalement, notamment sur la gestion des ALD, les prescriptions d'arrêts de travail ou de transports .
Pour l'Umespe, s'investir dans cette réforme, « c'est aussi regarder ce que nous avons obtenu ». Le Dr Rey énumère : une convention unique « équilibrée »; une Ccam technique « sans perdants », finalisée « avant la fin du mois »; une autorisation de « dépassements » (DA) pour les spécialistes de secteur I; ou encore la « reconnaissance » de la permanence des soins des spécialistes, même s'il reste à traiter la situation des gardes des « pédiatres dans les maternités » et « des urgentistes dans les Upatou ».
Le « mauvais coup » de l'amendement Leclerc.
Tout n'est pas rose pour autant. Outre la fronde d'une partie des généralistes hostiles à la convention, qui jette le trouble sur la réforme (une « polémique politicienne », minimise le Dr Rey), l'Umespe dénonce le « très mauvais coup » de l'amendement Leclerc voté discrètement fin décembre dans la loi de finances rectificative (« le Quotidien » du 11 janvier). Ce texte stipule que les futurs contrats complémentaires santé dits « responsables » (qui bénéficient seuls des aides publiques) devront prévoir l'interdiction totale ou partielle du remboursement des dépassements des spécialistes consultés hors parcours de soins. « Réduire en catimini la prise en charge des dépassements par les complémentaires est à la fois très maladroit et injuste », accuse le Dr Rey pour qui « la loi du marché doit s'appliquer sans intervention du gouvernement ».
L'Umespe, enfin, ne compte pas se reposer sur les lauriers de la convention. Le syndicat se positionne déjà sur deux chantiers attendus : la Ccam clinique (refonte des consultations) et la négociation, avec les mutuelles et les assurances notamment, du futur secteur d'exercice dit « optionnel », « promotionnel » ou encore d' « excellence » pour les spécialistes . Sur la Ccam clinique, le Dr Rey réclame une feuille de route « lisible ». Cela passe par la reprise des travaux (avec les experts des sociétés savantes) sur la base d'une « nouvelle méthodologie » afin d'aboutir à une hiérarchisation « claire, simple, applicable » avec « trois ou quatre niveaux de consultations ». Selon l'Umespe, ce chantier durera « un an et demi » afin de tenir les délais prévus dans la convention (début d'application avant la fin 2006). Quant au futur secteur promotionnel, ses critères restent entièrement à négocier avec les complémentaires. Sur le fond, il s'agit de solvabiliser de nouvelles possibilités de dépassements pour les spécialistes, en contrepartie d'une démarche qualité stricte dans le cadre de réseaux. L'Umespe a engagé des discussions avec la Mutualité et la Fédération française des sociétés d'assurances (Ffsa). « Ce sera très difficile, annonce le Dr Rey. Peut-être plus difficile encore que les négociations avec l'assurance-maladie ». Tout un programme.
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