« Une modalité incontournable de la thérapeutique du cancer »… Pour le Pr Jean Klastersky, oncologue médical (institut Jules-Bordet, Bruxelles) et fondateur de la Multinational Association for Supportive Care in Cancer ; la chose est entendue : les soins de supports oncologiques doivent désormais faire partie intégrante de la prise en charge de chaque patient atteint d’un cancer.
Définis comme « l'ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes malades tout au long de la maladie conjointement aux traitements onco-hématologiques spécifiques, lorsqu'il y en a », les soins de supports oncologiques ont pourtant longtemps été relégués au second plan, la France accusant un certain retard sur ce plan-là. Mais l’arrivée des nouvelles thérapies ciblées avec leurs effets secondaires inédits jusque-là et la « chronicisation » de la maladie cancéreuse ont changé la donne, rendant nécessaire une vision plus globale et continue du malade. Et aujourd’hui la philosophie des soins de supports oncologiques commence à être comprise et leur intérêt reconnu, estiment les spécialistes du domaine.
Des bénéfices enfin chiffrés
Ce d’autant, que ces soins avancent désormais des preuves concrètes de leur impact sur la qualité de vie, la mise en œuvre des traitements mais aussi sur la survie. En juin 2010 à l'ASCO (American Society of Clinical Oncology)* était annoncée la véritable première étude en termes de survie dans le domaine des soins de supports oncologiques. Cette étude de phase III, menée entre juin 2006 et juillet 2009, randomisée en comparatif incluait 151 patients ayant un cancer du poumon non à petites cellules, métastatique. Pour des patients avec une espérance de vie d’environ un an, la survie enregistrée avec l’accompagnement oncologique standard (bien qu’optimal) est de 8,9 mois. Or, lorsque celui-ci est associé à des soins de support très précocement dans les quelques semaines qui suivent le diagnostic, la survie est augmentée de 3 mois soit un gain de 25% de jours en plus. Une avancée importante accompagnée d’une réduction du risque de récidive, de douleur, de problèmes nutritionnels et de souffrances psychologiques (moins de dépressions) avec des résultats satisfaisants aux tests de qualité de vie. Les derniers résultats de 2011 sur cette même cohorte** confortent ces données . « Cela signifie, conclut le Dr Florian Scotté (hôpital européen Georges-Pompidou, Paris), que les soins de supports associés au traitement oncologique apportent un bénéfice supplémentaire par rapport au traitement standard. Le but n’est pas de prôner l’accompagnement et d’oublier le traitement oncologique mais de combiner les deux, sous forme d’un suivi conjoint entre les équipes carcinologiques et de support. Par ailleurs, ces bons résultats nous obligent à réfléchir sur ce qu’un centre de soins de support doit proposer comme soins opposables au patient cancéreux ».
En d’autres termes, la question n’est plus aujourd’hui de savoir si les soins de supports oncologiques sont utiles ou non, mais plus de s’interroger sur le « service minimal » de soins de support à proposer à chaque patient, la façon de les mettre en œuvre et les moyens qu’on leur attribue.
L’élan du plan cancer
À ce titre, les soins oncologiques de support ont clairement bénéficié des deux derniers Plan Cancer. « En termes de moyens financier et humains, les acquis du plan Douleur ont été prorogés grâce au Plan Cancer 1 », reconnaît le Dr Scotté,la mesure 42 visant à « accroître les possibilités pour les patients de bénéficier de soins de support » en insistant notamment, sur la prise en compte de la douleur et le soutien psychologique et social. Le plan 2009-2013 a de son côté mis l’accent sur la personnalisation du suivi pendant et après la maladie, auquel les SOS contribuent.
Ainsi, « la reconnaissance des accompagnements spécifiques des patients progresse, se félicite le Dr Scotté. Avec en parallèle un développement universitaire, « indispensable à la formation des soignants impliqués et à la progression de la recherche ».
Néanmoins, sur le terrain, les choses ne sont pas toujours faciles. « Par exemple, nous peinons encore à développer des postes d’infirmiers et de psychologues dédiés aux soins de support, témoigne le Dr Scotté. Et il existe aussi une véritable attente au niveau des réseaux ». Avec notamment, encore beaucoup à faire pour mieux intégrer la médecine de ville et notamment les généralistes dans le processus...
Dr Florian Scotté, HEGP, Paris
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