Désormais, la majorité des patients infectés par le VIH sont pris en charge dans le cadre de consultations externes, selon une étude du ministère de l'Emploi et de la Solidarité*. Sur 3 200 patients séropositifs, présents à l'hôpital « un jour donné », plus de la moitié (55 %) relèvent des consultations externes, un sur cinq est en hospitalisation de jour et un quart en hospitalisation complète.
Les auteurs de l'étude soulignent que ces patients « ne représentent pas directement les personnes atteintes par le VIH, dans la mesure où cet échantillon surreprésente ceux qui demandent une prise en charge suivie ». Leurs caractéristiques sont toutefois intéressantes à analyser : 71 % des patients sont des hommes. La quasi-totalité des patients sont âgés de 20 à 60 ans (94 %). L'âge moyen est de 39,6 ans. Le groupe de contamination hétérosexuelle prédomine (34 %), devant le groupe de contamination homosexuelle (32 %) et celui des usagers de drogues injectables (22 %).
Un quart des patients sont au stade symptomatique (25 %) et quatre sur dix (41 %) sont asymptomatiques. Les patients atteints de SIDA avéré représentent un peu plus du tiers de l'échantillon global (34 % contre 44 % en 1997). On observe également, au cours du temps, une augmentation relative des personnes prises en charge en consultation externe, associée à une diminution de la proportion des patients en hospitalisation complète. Le taux de séropositifs en hospitalisation complète est passé de 44,2 % en 1992 à 25,6 % en 1999 et celui des patients pris en charge dans le cadre des consultations externes de 35,8 % à 55,4 %.
Le mode de prise en charge influencé par le logement et l'emploi
Le mode de prise en charge hospitalière est lié au stade clinique, mais aussi aux caractéristiques sociales des patients. Evidemment, l'évolution de la maladie demeure le facteur dominant. Les patients atteints du SIDA représentent ainsi 60 % des patients en hospitalisation complète et seulement un sur cinq des consultants externes. Pour la fraction des patients dont la durée d'hospitalisation complète au cours du trimestre excède trente jours, la proportion de personnes au stade SIDA est encore plus élevée (81 %). Inversement, les patients asymptomatiques constituent la moitié des consultants externes et seulement un cinquième des hospitalisés.
Un cinquième seulement, mais un cinquième tout de même. Ce qui laisse apparaître une autre donnée : le mode de prise en charge des patients varie selon le type d'emploi et de logement dont ils disposent et selon le niveau d'étude.
Pour un stade clinique donné, la probabilité d'être pris en charge en hospitalisation complète plutôt qu'en consultation externe est plus élevée lorsque les conditions de logement sont précaires, lorsque le patient n'occupe pas un emploi stable ou encore lorsque son niveau d'étude est faible.
Seulement 40 % des patients âgés de 25 à 50 ans déclarent occuper un emploi stable (45 % pour les hommes et 27 % pour les femmes), contre 73 % de l'ensemble de la population générale, pour la tranche d'âge équivalente. Les variables cliniques interfèrent : moins du tiers des personnes atteintes du SIDA occupent un emploi stable contre près de la moitié pour les personnes au stade asymptomatique. Environ 24 % des actifs occupés estiment que leur emploi n'est pas adapté à leur état. Et cela devient d'autant plus évident que les patients ont développé un SIDA. Près de quatre malades sur dix estiment que leur emploi n'est pas adapté à leur état. Ce sentiment est plus présent chez ceux qui déclarent un niveau d'étude primaire ou une absence de scolarité (43 % contre 14 % chez ceux qui ont fait des études supérieures).
*« Les patients soignés pour infection à VIH en 1999 dans les services hospitaliers de court séjour », étude de la DREES, n° 149 -Décembre 2001.
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