INVITES A S'EXPRIMER devant la commission des Affaires sociales du Sénat, les responsables des cinq syndicats médicaux représentatifs (Csmf, SML, FMF, MG-France et Alliance) ont tenté, en ordre dispersé, de décrire la « boîte à outils » idéale (à leurs yeux en tout cas) de la réforme de l'assurance-maladie. Les sénateurs, qui mesurent la difficulté politique de ce chantier miné, ont parfois regretté la division des professionnels et plus largement le manque de « culture du consensus » dans notre pays. L'un d'eux a même souhaité une plate-forme médicale « unique » sur la réforme dans un souci de simplification. En retour, plusieurs syndicats médicaux ont exhorté le monde politique à « assumer ses responsabilités ».
Les échanges ont pourtant montré que plusieurs pistes de réforme visant à réorganiser le système de soins font l'unanimité. Elles sont d'ailleurs identifiées depuis longtemps, comme le dossier médical partagé, au moins pour les pathologies lourdes, le nécessaire décloisonnement des mondes hospitalier et libéral « qui ne travaillent pas ensemble », la maîtrise « médicalisée », seule voie de régulation acceptable, ou même la nécessité d'instaurer en ville de nouveaux parcours de soins responsabilisant les acteurs du système. Sur ce dernier point, MG-France tient le discours le plus offensif. Le Dr Pierre Costes, président du syndicat de généralistes, a défendu devant les sénateurs la généralisation de « modes d'emploi médicalisés » et autres « protocoles », autrement dit un « fléchage » du système de soins dont le respect conditionnerait le niveau de remboursement des patients. Le Dr Jean-Claude Régi, président de la FMF, parle pour sa part de « meilleure coordination des soins autour du patient » et le Dr Dino Cabrera, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), de « nouvelle complémentarité entre le généraliste et le spécialiste ».
Quasi-insurrection.
Pourra-on cette fois passer des discours aux actes sans jeter patients et médecins dans les rues ? La question taraude les sénateurs. Les représentants des médecins affichent leur volonté de « construire du neuf », mais ne manquent pas de rappeler la lourdeur du climat actuel, qui rend plus délicate l'appropriation de la réforme. La FMF décrit une « situation quasi-insurrectionnelle » sur fond de guérilla tarifaire. La Csmf insiste sur l' « absence de visibilité », « la perte de confiance dans le système conventionnel vécu comme un fardeau », le sentiment de nombreux médecins ayant choisi le secteur I d' « avoir été grugés ». Alliance s'indigne de l' « oubli de l'hôpital dans la réflexion », qui concentre pourtant la moitié des dépenses. Autant de difficultés à surmonter dans un contexte de croissance atone et d'austérité budgétaire. Rien ne sera simple. Le Dr Costes propose de « sortir du modèle ancien », celui de la pléthore médicale. « On a fonctionné sur un excès de l'offre de soins, c'est fini. Désormais, il faut gérer une diminution de l'offre via des modes d'emploi clairs. »
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