Livres
Par Martine Freneuil
A CTEUR (« La Boum », « L'Année des méduses », « Les Spécialistes », « Les longs manteaux... ), et cinéaste (« L'Autre », « Les Caprices d'un fleuve » et des documentaires), Bernard Giraudeau, 54 ans,
est le plus actif des rêveurs ou le plus rêveur des actifs. Il a déjà fait le lien entre ses passions en écrivant des contes de fées mais « le Marin à l'ancre » (1) est d'une autre trempe.
On pourrait se contenter de dire qu'il s'agit de chroniques de voyages, d'instantanés plutôt car Bernard Giraudeau a la bougeotte et, entre deux tournages qui l'amènent eux-mêmes aux quatre coins du monde et de la France, il n'arrête pas de voyager. De Chypre à Madagascar, de l'Amazonie à l'Afrique du Sud, du Sénégal à Sarajevo, de l'île de la Réunion à Rome ou à l'Equateur en passant par Paris et sa ville natale, la Rochelle, il nous ouvre des horizons de rêve, impressionnistes et intimistes.
Ceux-là mêmes qu'il avait dévoilés à son ami Roland, le premier destinataire de ces lettres, le seul qui importe certainement. Car c'est à lui que pendant dix ans, jusqu'à la mort de cet ami qu'il n'a connu que cloué dans un fauteuil roulant, Bernard Giraudeau a écrit ces missives, qui ne sont pas seulement des descriptions de paysages mais des moments vécus, des sentiments éprouvés, des amours et des colères.
Du paquet de lettres envoyées à son confident de tous les continents, l'acteur n'a retenu que quelques unes, que, par respect pour les deuxièmes lecteurs que nous sommes, il a réécrites et mises en forme sans qu'elles perdent de leur spontanéité. Et tout au long du livre court un dialogue ténu mais vivace entre Roland et lui, où il est question des îles Marquises, ultime et improbable voyage, rêve d'un départ qui aide à vivre, puis à mourir.
Acteur de cinéma et de théâtre, réalisateur de « la ville dont le prince est un enfant » d'après la pièce de Montherlant, Christophe Malavoy publie son cinquième ouvrage, « A hauteur d'homme » (2).
Un récit dans lequel le comédien évoque, à 49 ans, la figure de son père, presque dix ans après la mort de cet officier de cavalerie. Et pour que l'on comprenne mieux le sens de son hommage, il élargit son propos aux autres membres de la famille, brossant un tableau amical et lucide partagé entre des règles de vie strictes et une certaine fantaisie ; ainsi de Mandette, la mère de son père, survivante inespérée de Mathausen où elle avait été internée pour fait de Résistance et qui fit une nonagénaire extraordinaire.
Embaumé par le fumet des cèpes que son père aimait tant, l'ouvrage est comme un point d'interrogation infini sur cet homme, ce père qui n'a jamais dit « je t'aime » à l'un de ses enfants, qui n'a jamais caressé une tête mais n'hésitait pas à cingler les reins des gamins récalcitrants ou à les abaisser avec les paroles les plus dures, cet homme-mystère qui ne s'est jamais confié mais de l'amour duquel
sa sur comme ses frères et lui-même n'ont jamais douté.
(1) Editions Métaillié, 215 p., 98 F (14,94 euros)
(2) Editions Flammarion, 237 p., 104 F (15,88 euros)
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