Les sages-femmes manifestent demain

Publié le 22/05/2003
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Elles ont choisi la veille de la Fête des mères pour « marcher vers le chemin de la liberté ». Les sages-femmes, appelées à manifester demain par leur coordination nationale (qui regroupe différents syndicats et associations professionnelles), entendent « dénoncer les mesures gouvernementales qui accentuent la dégradation de la prise en charge des femmes enceintes et des conditions de la naissance en France ».

Elles s'opposent en effet au regroupement annoncé par le ministre de la Santé, Jean-François Mattei, des accouchements dans les grosses structures et à la transformation des petites maternités en « centres de proximité ». Dans un argumentaire, disponible sur leur site Internet (www.coordination-sf.com), elles disent refuser la « déshumanisation et le stéréotype hypermédicalisé de la naissance auxquels cette politique (gouvernementale) a mené ».
Regrettant le choix affiché en France, selon elles, de « considérer le processus de la naissance comme pathologique jusqu'à preuve du contraire », elles réclament une « autonomie complète des sages-femmes dans leur champ de compétences : le suivi et la gestion de la maternité physiologique ». Pour elles, une meilleure répartition des tâches, qui permettrait de redéployer les obstétriciens sur leur domaine d'expertise, faciliterait le règlement de la crise démographique des deux professions en les rendant plus attractives.
« La politique actuelle a pour effet de conduire les sages-femmes vers la fuite. Or, on ne pourra pas résoudre le problème démographique avec une telle fuite », s'insurge Sylvie Laberibe, sage-femme hospitalière et membre du collectif. Finalement, la pénurie des sages-femmes nous donnera raison. « Nous voulons prévenir les pouvoirs publics du caractère délétère de cette politique. Ils ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas. »
Le CNDH (Comité national de défense de l'hôpital) soutient cette manifestation et appelle les médecins hospitaliers à s'y joindre. Les parents aussi s'associent à cette journée d'action, précise Sylvie Laberibe. « Malgré ce soutien important, nous doutons des perspectives. Le ministre de la Santé a déjà tracé sa politique avant même d'avoir reçu les conclusions de la mission périnatalité. »

Audrey BUSSIERE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7340