Un Livre blanc de la rhumatologie pour « relever la tête, d'abord »: la formule, qui en dit long, appartient au Dr Pierre Monod, président du Syndicat national des médecins rhumatologues (SNMR).
« Ni autosatisfaction ni défaitisme », cet ouvrage dense de près de 300 pages jette un éclairage instantané et précieux sur une spécialité qui, paradoxalement, reste méconnue (notamment des pouvoirs publics) malgré la très abondante production des médias sur le mal de dos, l'arthrose ou l'ostéoporose, pour ne citer que quelques pathologies prises en charge par les 2 600 rhumatologues libéraux et hospitaliers.
« L'image du rhumatologue reste floue, renvoyant à des clichés désuets de maux invalidants mais non mortels aux thérapeutiques aléatoires », regrette le Dr Monod.
Mutation technique
Confrontés à des perspectives démographiques peu réjouissantes (30 % d'effectifs en moins à l'horizon 2020, seulement 8 nouvelles installations en ville en 2003), les rhumatologues veulent à la fois casser certaines idées reçues (le « spécialiste de la cortisone, de l'aspirine et des infiltrations »), mais surtout affirmer, notamment auprès des organismes payeurs, leur rôle « incontournable » issu d'une double compétence. Une expertise clinique et intellectuelle d'abord, fondement de la culture rhumatologique, que la future réforme des consultations en 2005 devra « fortement valoriser » en tenant compte du « contenu et de la complexité de l'acte ». Mais aussi, de plus en plus, un savoir-faire technique dans des domaines tels que la radiologie conventionnelle et interventionnelle, l'ostéodensitométrie, l'échographie et l'IRM. « Le rhumatologue doit se préparer à aborder tous les domaines modernes des pathologies de l'appareil locomoteur pour en garder la maîtrise, avertit clairement le Pr Bernard Duquesnoy, président du Conseil national de rhumatologie (CNR). Certains vont même jusqu'à penser que les rhumatologues de demain seront des techniciens des explorations et du traitement de l'appareil locomoteur. » A parcourir le Livre blanc, on mesure en effet que, dans vingt ans, l'exercice du rhumatologue n'aura plus grand-chose à voir avec celui d'aujourd'hui. Cette mutation, « révolution » pour certains, exige sans doute une nouvelle approche de la formation initiale et continue des rhumatologues, la généralisation de réseaux de prise en charge coordonnée, une écoute très attentive des associations de patients (particulièrement dynamiques en rhumatologie) ou encore le regroupement progressif autour de plateaux techniques complets. Autant de défis que les médecins rhumatologues se disent prêts à relever. La recherche d'une gestion du risque sera un autre enjeu majeur pour cette spécialité qui mobilise des masses financières considérables en raison de l'arrivée de nouvelles armes thérapeutiques (irruption des biothérapies, nouvelle classe d'anti-inflammatoires non stéroïdiens, notamment). « Les rhumatologues ont été amenés en quelques années à apprendre malgré eux leur rôle d'acteur médico-économique », explique le Dr Monod. Il invite les pouvoirs publics mais aussi les laboratoires à s'engager activement avec la profession dans cette dynamique de gestion du risque. Des programmes globaux de prise en charge, dont les médecins définiraient la stratégie d'action, pourraient, par exemple, être expérimentés sur des maladies coûteuses, comme la polyarthrite rhumatoïde.
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