La prévalence des troubles du sommeil chez les patients atteints de rhinite allergique a augmenté de façon constante et significative durant ces dernières années. On estime que 30 à 50 % de la population française sont touchés par ce type de pathologie et un certain nombre d'études ont déjà montré leurs répercussions anatomiques et socio-économiques.
Une étude épidémiologique nationale*, baptisée Dreams, a été réalisée récemment par des ORL et des allergologues libéraux, avec la collaboration des spécialistes du CHIC de Créteil, du CHU de Montpellier, de l'U169 de l'INSERM (Villejuif), de l'Hôtel Dieu et de l'hôpital Cochin (Paris) et des Laboratoires GSK. Son objectif principal était d'estimer la fréquence des troubles du sommeil chez 591 patients des deux sexes, âgés de 18 à 50 ans, qui souffraient d'une rhinite allergique depuis plus d'un an. Ce diagnostic était confirmé par un score supérieur ou égal à 7 à un questionnaire validé, intitulé SFAR (Score For Allergic Rhinitis), en fonction notamment de la symptomatologie de la rhinite, du type intermittent ou persistant, de l'intensité et des répercussions sur le sommeil et les activités socioprofessionnelles et de ses manifestations associées.
Pour caractériser les troubles du sommeil, l'insomnie était définie par un délai d'endormissement supérieur ou égal à 30 minutes, par plus de 2 réveils nocturnes ou l'impossibilité de se rendormir une fois réveillé, ou encore la sensation d'une fatigue après une nuit de sommeil, avec des conséquences sur la vigilance pour ces items datant de plus d'un mois. Une insomnie sévère était définie par la présence d'au moins deux des critères précédents ou la prise de somnifères. Quant à l'hypersomnie, elle était définie pour des endormissements durant la journée, au travail, devant la télévision (avec un score supérieur à 10 au questionnaire de somnolence d'Epworth). Le retentissement de ces troubles du sommeil au quotidien (activités socioprofessionnelles, baisse des capacités intellectuelles, de la libido...) était également pris en compte.
Des troubles du sommeil chez près de 80 % des patients
Ces 591 sujets inclus dans le groupe patients (âge moyen 33,9 ans, sex-ratio homme/femme 0,88) ont été comparés à un groupe témoin comprenant 502 personnes indemnes de rhinite allergique (score SFAR inférieur à 7), issus d'une autre étude épidémiologique, appariés en fonction de l'âge, du sexe et de la région d'origine.
Les résultats préliminaires de Dreams montrent que la forme la plus fréquente de rhinite allergique est la forme persistante modérée à sévère (59,4 %), c'est-à-dire se traduisant par des symptômes persistant plus de quatre jours par semaine et plus de quatre semaines par mois. Par ailleurs, un asthme était présent chez 24,4 % des patients, et plus fréquemment associé à la forme persistante (27,6 %) qu'à la forme intermittente de la rhinite allergique (15,4 %). En outre, près de 75 % des patients avaient des tests cutanés positifs et des concentrations d'IgE aux pollens élevées. Enfin, les thérapeutiques les plus utilisées étaient les antihistaminiques par voie orale (76,5 %) et les corticoïdes par voie nasale (63,6 %).
Les résultats de cette enquête montrent également que les rhinites allergiques ont un retentissement important sur le sommeil : 79 % des patients se plaignaient de troubles du sommeil (contre 40 % dans la population témoin) avec une insomnie chez près de 36 % des patients, sévère chez 23 %. Trente-deux pour cent des patients souffraient d'une hypersomnie et près de 4 % présentaient des apnées du sommeil.
Le Pr Michel Rugina (CHIC Créteil) a rappelé que si toutes les pathologies allergiques doivent être prises en compte et équilibrées, il convient également de réfléchir, non pas uniquement en termes de symptômes spasmodiques et bronchiques associés, mais aussi en termes de retentissement de la rhinite allergique sur la qualité du sommeil avec toutes ses conséquences sur la qualité de vie au quotidien.
* Enquête réalisée en partenariat avec les Laboratoires Glaxo SmithKline Beecham
et la participation de M Rugina (CHIC Créteil), M. Daniloski, C. Pribil, I. Chanal (GSK Marly-le-Roi), J. Bousquet (CHU Arnaud-de-Villeneuve, Montpellier), I. Annesi-Maesano (INSERM U169, Villejuif), F. Carat (hôpital Cochin, Paris), D. Léger (Hôtel-Dieu, Paris)
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