LE SYNDROME de la queue de cheval connaît, d’une façon qui lui est un peu particulière, un retard fréquent de diagnostic et, donc, de prise en charge par le spécialiste. Un délai regrettable pour le patient, dans la mesure où il existe une nette régression des signes déficitaires (sensitifs, moteurs et sphinctériens) lors-que la décompression est réalisée dans les quarante-huit premières heures.
Les causes de ces retards diagnostiques ont fait l’objet d’une étude rétrospective menée par deux médecins londoniens (hôpital Saint George). Disons-le d’emblée, leurs conclusions rejettent plutôt la responsabilité sur le corps médical que sur la négligence des patients.
Dans leur service de neurochirurgie, entre 2001 et 2005, 32 patients ont été reçus, provenant de divers services, pour un syndrome de la queue de cheval, confirmé par IRM. Il s’agissait d’hommes, le plus souvent (53 %), âgés de 20 à 80 ans (46,8 ans en moyenne). Les tableaux cliniques étaient variables. Sur les 32 sujets, seulement six patients (19 %) présentaient l’association : douleur lombaire, sciatalgie bilatérale, déficit moteur, anesthésie du territoire sacré (« en selle »), troubles sphinctériens.
Quant au délai d’intervention (pour 29 patients), il a été de 31,3 heures, avec des extrêmes allant de 6 à 76 heures. Toutefois, 90 % des interventions ont été réalisées avant la 48e heure.
Nombre de signes cliniques et délai avant chirurgie.
Les auteurs ont établi une correspondance statistique entre les signes cliniques évocateurs et le moment du passage au bloc. Ils constatent une relation inverse entre leur nombre et le délai avant chirurgie.
Ce qui amène aux motifs du retard. Sur huit situations identifiées, quatre sont de la responsabilité du médecin. Chez quatre patients, il s’agit de la non-évocation du diagnostic ; deux fois, d’un patient adressé à un spécialiste non concerné ; deux fois, d’une prise en charge initiale inappropriée ; et deux fois, enfin, d’un avis erroné de l’équipe chirurgicale ou neurochirurgicale. Deux situations impliquent le patient : dans un cas, il a consulté tardivement et, dans deux cas, une comorbidité compliquait le diagnostic. Les deux autres circonstances identifiées étaient l’absence de lit d’hospitalisation (deux cas) et l’IRM en panne (un cas).
«Le délai dans le traitement du syndrome de la queue de cheval a été le plus souvent dû à un retard diagnostique. Comme on pouvait le prévoir, il risquait davantage de se produire quand les signes cliniques étaient peu nombreux à l’admission… Les signes les plus évocateurs sont les lombalgies, l’anesthésie du territoire sacré et les symptômes urinaires», analysent les auteurs. Ils ajoutent que le diagnostic peut être brouillé par l’existence de troubles sphinctériens en relation avec la douleur et la prise d’antalgiques opiacés.
Dès lors, Ibrahim Jalloh et Pawan Minhas insistent sur l’importance de la sensibilité du territoire sacré. L’anesthésie en selle est un signe relativement spécifique, de reconnaissance facile et rapide. Sa mise en évidence précoce peut conduire à une meilleure prise en charge des patients.
« Emergency Medicine Journal » 2007 ; 24 : 33-34.
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