Nouvel inhibiteur de la COX2

Les résultats du lumiracoxib dans Target

Publié le 16/11/2004
Article réservé aux abonnés

LE DEVELOPPEMENT de la nouvelle classe thérapeutique des inhibiteurs spécifiques de la cyclooxygénase de type 2 a été motivé notamment par le problème d'effets secondaires digestifs hauts des Ains conventionnels ; en sachant que les prostaglandines affectées par l'inhibition de la cyclooxygénase sont aussi impliquées dans la protection gastrique, dans la fonction rénale ou l'agrégation plaquettaire. Les complications gastroduodénales des Ains (incluant le risque de perforation, d'ulcères symptomatiques ou d'hémorragies) surviennent dans 1 à 1,5 % des cas. Les coxibs présentent un profil de tolérance digestive supérieur aux Ains. Des questions se posent à propos de la sécurité cardio-vasculaire.

Plus de 18 000 patients dans trente pays.
C'est pourquoi l'étude Target (The Therapeutic Arthritis Research and Gastro-intestinal Event Trial), portant sur 18 325 patients de plus de 50 ans atteints d'arthrose, dans trente pays, avait comme objectif d'évaluer la sécurité globale (digestive et cardio-vasculaire) de l'emploi du lumiracoxib, tant dans la population générale que chez les patients traités par aspirine à faible dose. Dans les études précédentes, le lumiracoxib, qui possède une courte demi-vie (3-9 heures), a montré sa bonne sélectivité. Dans l'étude Target, le lumiracoxib 400 mg par jour était comparé au naproxène 500 mg deux fois par jour ou à l'ibuprofène 800 mg trois fois par jour, pendant un an. La plupart des patients avaient un risque cardio-vasculaire ; 24 % étaient traités par l'aspirine (75-100 mg/j). Le premier critère du jugement de cette étude était la différence dans la survenue des complications digestives et les critères secondaires étaient des événements cardio-vasculaires incluant infarctus du myocarde, maladie coronaire et AVC (critères de l'Anti-Platelet Trialists's Collaboration) et le critère composite digestif et cardio-vasculaire avec la toxicité rénale et hépatique.

Un bénéfice global.
Les résultats montrent que le lumiracoxib apporte un bénéfice global par rapport aux deux Ains conventionnels : il réduit les complications digestives de 79 % (HR [hazard ratio] : 0,21) chez les patients qui ne prennent pas l'aspirine pour prophylaxie, de 66 % (HR  : 0,34) dans la population générale et de 21 % (HR  : 0,79) dans le sous-groupe des patients traités par l'aspirine à faible dose ; le risque de l'anémie chronique (marquée de saignement digestif) est réduit de 52 % par rapport aux Ains (40 % versus naproxène, 60 % versus ibuprofène).
En ce qui concerne l'incidence d'événements cardio-vasculaires, aucune différence significative entre les bras n'a été trouvée. A noter que l'impact du lumiracoxib sur la pression artérielle apparaît moindre que celui des Ains (PAS : + 0,4 mmHg versus + 2,1 mmHg respectivement ; PAD : - 0,1 mmHg vs + 0,5 mmHg respectivement). Le profil combiné digestif et cardio-vasculaire est en faveur du lumiracoxib, à savoir une réduction de 35 % d'événements dans la population générale en comparaison avec les Ains ; quant au critère composite d'événements digestifs, cardio-vasculaires, rénaux et hépatiques, cette réduction était de 31 % par rapport à l'ibuprofène.

(1) Une réunion organisée avec le concours de Novartis Pharma lors de la United European Gastroenterology Week 2004 à Prague.

> LUDMILA COUTURIER

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7633