LE TEMPS DE LA MEDECINE
La survenue d'embolies pulmonaires à répétition entraîne une insuffisance cardio-respiratoire en raison de l'obstruction du lit artériel pulmonaire. Auparavant, la transplantation cur-poumon était le seul recours thérapeutique au stade ultime de l'évolution de cette affection. La pénurie d'organes a favorisé le développement d'une alternative thérapeutique, l'endartériectomie pulmonaire.
« Cette intervention, difficile, consiste à aller déboucher les artères pulmonaires sous circulation extracorporelle, en hypothermie profonde à 20° », explique le Dr Elie Fadel, chirurgien et spécialiste de cette technique développée par son chef de service, le Pr Philippe Dartevelle (hôpital Marie-Lannelongue, Paris). Les travaux sur le porc, animal le plus proche de l'homme anatomiquement, ont permis de mieux comprendre certaines complications postopératoires et ainsi de les prévenir. Prenons l'exemple de l'dème du poumon qui survenait après désobstruction des artères ainsi que la persistance d'une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP). Les travaux sur le porc ont pu l'attribuer à la reperfusion du poumon. Quant à la persistance de l'HTAP, elle est liée à une dysfonction de l'endothélium du lit artériel pulmonaire qui était en ischémie du fait de l'obstruction chronique des artères pulmonaires. La diminution des pressions de remplissage a permis de réduire l'dème. De nouvelles molécules, agissant sur l'endothélium pulmonaire sont également en cours d'évaluation chez l'homme durant la période périopératoire. « La mortalité opératoire est ainsi passée de 27 % à 6 % en moins de dix ans et on espère encore la réduire », souligne ce spécialiste.
L'hôpital Marie-Lannelongue est l'un des deux centres dans le monde à réaliser cette intervention. Les recherches se poursuivent dans le cadre de l'UPRES des maladies vasculaires pulmonaires de l'université Paris-Sud, en collaboration avec des équipes internationales, dont celle du Pr René Michel, spécialiste de la vascularisation pulmonaire du centre hospitalo-universitaire McGill de Montréal.
« Mes travaux sur les animaux occupent une partie importante de mon emploi du temps, poursuit Elie Fadel, je me rends auprès d'eux au moins une fois par jour ». La proximité géographique entre les équipes chirurgicales et ce laboratoire est un atout pour parfaire ces nouvelles techniques, surveiller les animaux et suivre les autres travaux (histologiques, physiologiques...), même si un personnel est spécifiquement attaché à son fonctionnement. Ce centre expérimental est très ancien et dédié depuis sa création à la chirurgie cardiaque et pulmonaire : c'est ici qu'a été réalisée la première circulation extracorporelle (CEC) en Europe. Il est financé en partie par l'hôpital Marie-Lannelongue et des associations comme l'association française de lutte contre la mucoviscidose (AFLM). Il accueille des internes en DEA pour de nombreux projets de recherche en pathologie cardio-pulmonaire. Parmi les études en cours, citons celles sur les greffes de trachée puisque le cochon a une vascularisation trachéale proche de celle de l'homme et celles sur la prévention des effets néfastes de la CEC sur le poumon. Ce laboratoire ouvre également ses portes à d'autres spécialités comme la neuro-radiologie interventionnelle. Des anévrysmes sont créés sur les carotides de cochon pour former les neuroradiologues aux techniques d'embolisation et tester également de nouveaux matériaux.
« L'expérimentation animale est indispensable à la recherche notamment dans les pathologies cardio-pulmonaire, insiste Elie Fadel ; nous n'avons actuellement aucune alternative. »
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