Certains traitements comme le Gemzar ont le potentiel d'améliorer le pronostic du cancer pulmonaire non à petites cellules (CPNPC), explique le Pr Christian Manegold (université d'Heidelberg, Allemagne). Le produit qui a un mécanisme d'action unique (analogue nucléosidique qui interfère avec la production d'ADN) possède une forte activité utilisé seul. Mais il présente, de plus, l'intérêt d'être maniable dans le cadre de protocoles combinant d'autres produits, avec lesquels s'exerce une synergie médicamenteuse. C'est le cas notamment des taxanes ou du cisplatine. L'association Gemzar-cisplatine est particulièrement importante dans les CPNPC avancés, comme l'attestent sept études randomisées, rappelle l'orateur. Dans les CPNPC aux stades précoces, l'utilisation de Gemzar permet de doubler le taux de réponse. Des résultats d'études de phase III montrent que l'association Gemzar + carboplatine est supérieure en efficacité à des protocoles plus anciens, avec une diminution des effets secondaires, hormis les thrombocytopénies qui sont plus fréquentes.
Le Dr Manegold rapporte une méta-analyse récente d'études randomisées du Gemzar associé au cisplatine ou au carboplatine versus d'autres combinaisons fondées sur une platine, réalisées dans les CPNPC avancés. Elle montre que l'association cisplatine-gemcitabine améliore significativement la survie et la survie sans progression. Les résultats se révèlent meilleurs que ceux d'autres combinaisons ne comportant pas de gemcitabine.
Un antifolate
La méta-analyse a porté sur 13 études où 4 556 patients sont inclus, ce qui a permis d'augmenter le pouvoir d'analyse statistique. Les traitements fondés sur une combinaison Gemzar-platine, comparativement aux autres associations comportant une platine, révèlent une amélioration significative de la survie totale (risque relatif de 0,90, p<0,001). Ce qui se traduit par un bénéfice à un an de 38,9 % de survie versus 35 %. Les données montrent aussi, dans le groupe des patients traités par l'association Gemzar-platine, une médiane de survie sans progression de 5,1 mois versus 4,4 mois dans les groupes traités avec d'autres protocoles (résultat également significatif).
Le Gemzar et le docétaxel, donnés seuls et de manière séquentielle, représentent une option chez les sujets les plus âgés.
Le pemetrexed (Alimta) est un produit chimiothérapique de la classe des antifolates. Des résultats intéressants sont présentés dans le mésothéliome pleural et le CPNPC, expose le Dr Rafael Rosell (Espagne).
Dans le mésothéliome, les premiers résultats indiquent que le produit représente un nouvel espoir dans cette tumeur où les traitements donnent des résultats décevants. Des données de phase III publiées récemment dans le « Journal of Clinical Oncology » montrent une amélioration de la survie à un an. Le taux de survie est de 56,5 % dans un groupe de patients traités par pemetrexed plus cisplatine tandis qu'il est de 41,9 % chez ceux n'ayant que le cisplatine. Ces données s'ajoutent à des résultats antérieurs ayant montré une réduction d'au moins 50 % de la taille de la tumeur chez 41 % des patients avec la combinaison, comparativement à 17 % chez les patients traités par cisplatine seul. Au plan clinique, un meilleur contrôle de la douleur et de la dyspnée est observé avec ce nouveau produit. Le pemetrexed est un antifolate agissant sur plusieurs enzymes dépendantes des folates. Il est en cours d'étude et non encore commercialisé.
Alimta a également une efficacité dans le CPNPC récurrent. Dans une étude internationale de phase III en seconde ligne chez des patients souffrant d'un CPNPC récurrent, le bénéfice s'exprime par une amélioration non significative de la survie et significative de la tolérance. Les patients recevant Alimta avaient une médiane de survie de 8,3 mois comparativement à 7,9 mois parmi ceux ayant reçu du taxotère. Une différence statistiquement significative apparaît concernant l'incidence des neutropénies sévères : 5 % dans le bras Alimta versus 40 % dans le bras taxotère (p<0,001). Les patients recevant Alimta ont moins souvent présenté des fièvres associées à une neutropénie, avec en conséquence une réduction des hospitalisations.
* Conférence de presse « Breathing New Life into Lung Cancer Treatment », organisée par les Laboratoires Lilly, réunissant les Drs Paul Bunn (Etats-Unis), Lynne Robertson (Royaume-Uni), Christian Manegold (Allemagne) et Rafael Rosell (Espagne).
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