Les résultats français de l'étude PURE destinée à recueillir des informations sur l'incontinence urinaire féminine en Europe montrent que le retentissement sur la qualité de vie est souvent majeur. Les répercussions sur le sommeil provoquées par l'existence d'une nycturie ne sont pas moins importantes, comme le révèlent les données obtenues par l'observatoire nycturie.
L'ETUDE PURE (Prospective Urinary Incontinence Research) a été mise en place afin de combler les lacunes concernant l'incontinence urinaire féminine, pour laquelle il existe peu d'informations en Europe. Cette étude observationnelle, prospective, menée dans quatorze pays, a inclus près de 10 000 femmes déjà suivies pour une incontinence urinaire ou recherchant une prise en charge. Les données ont été recueillies à l'inclusion et lors de deux consultations au cours des six mois suivants. Elles incluaient les caractéristiques démographiques, le type d'incontinence urinaire, la sévérité de la maladie, la gêne ressentie, l'évaluation de la qualité de vie ainsi que les modalités de prise en charge et d'utilisation des ressources médicales dans les douze mois précédents. En France, 562 dossiers de patientes ont été analysés par 125 médecins investigateurs. L'âge moyen de ces femmes était de 56,1 ans ; elles souffraient, dans 32,9 % des cas, d'une incontinence d'effort, dans 9,8 % des cas, d'une incontinence par impériosité et dans 57,3 % des cas, de troubles mixtes. Le nombre moyen de fuites survenues la semaine précédant l'entretien allait de moins de 7 dans 44,3 % des cas à 14 ou plus, dans 32,3 % des cas. La plupart de ces patientes ressentaient une gêne modérée à sévère, notamment sociale, avec un score de qualité de vie de 61,4 % (I .QOL). Cette altération de la qualité de vie était bien sûr liée à la sévérité de l'incontinence urinaire, mais aussi à son type : les scores étaient plus bas en cas de forme mixte.
Des délais très longs.
Fait remarquable, ces répercussions importantes n'ont pas précipité pour autant une demande de prise en charge. Des délais particulièrement impressionnants ont de fait été révélés par l'étude puisque près de 12 % des femmes ont attendu onze ans et plus avant de consulter, alors que 75,3 % d'entre elles utilisaient régulièrement des protections.
Cette étude a également permis de rechercher les pathologies associées à l'incontinence urinaire. Certaines étaient particulièrement fréquentes, comme la constipation (28,6 %), ou un prolapsus (22,7 %) ; des états dépressifs (11,5%) et des infections urinaires (10,2%) ont aussi été notées.
Il s'agit d'une première série de résultats qui fournit déjà des données très intéressantes sur l'importance, le retentissement et la prise en charge de l'incontinence urinaire féminine. Outre l'impact sur la qualité de vie et les modalités de traitement, cet essai a également pour objectif d'analyser les coûts directs de la maladie. Une fois l'ensemble des données obtenues, des comparaisons entre les pays participants pourront ainsi être effectuées.
L'observatoire nycturie.
L'observatoire nycturie a, quant à lui, été mis en place afin de décrire les caractéristiques de patients âgés de 18 à 65 ans ayant une nycturie et de colliger les éléments concernant son retentissement sur la vie quotidienne et les modalités de prise en charge. Cette enquête nationale, transversale et descriptive, comportait une partie médicale et un autoquestionnaire destiné au patient afin d'évaluer la somnolence diurne (échelle d'Epworth), la qualité du sommeil (questionnaire de Jenkins) et le retentissement sur la qualité de vie (SF-12). Au total, 197 urologues ont participé à cet observatoire et 800 patients ont été inclus, parmi lesquels 670 ont finalement été étudiés. Il s'agissait plus souvent d'hommes (64,5 %), d'âge moyen (54,7 ans), 80 % des sujets ayant plus de 50 ans. Plus de la moitié consultaient pour la première fois (52,7 %) et près de 80 % étaient adressés par leur médecin généraliste.
Le catalogue mictionnel sous-utilisé.
Seulement 12,7 % des malades avaient rempli un catalogue mictionnel : dans près de 14 % des cas, les symptômes étaient ceux d'une nycturie associée à une polyurie globale ; dans 22,5 % des cas, il s'agissait d'une polyurie nocturne isolée, et dans 57,5 %, de troubles de la capacité vésicale. Une évaluation de la diurèse a été réalisée chez 39,8 % des patients, surtout chez les femmes. Le traitement prescrit était le plus souvent médical (66 %), en particulier chez les hommes, l'option chirurgicale étant plus rarement choisie et plutôt chez les femmes ; 20 % des sujets n'ont pas eu de prescription thérapeutique.
Le retentissement de la nycturie est apparu important, proportionnel au nombre de réveils nocturnes (p < 0,0001). Ceux-là étaient souvent fréquents puisque 53,1% et 33,1 % des patients interrogés signalaient au moins trois levers nocturnes.
L'importance de la somnolence diurne, appréciée par l'échelle d'Epworth, était d'ailleurs souvent majeure, le score ayant été considéré comme pathologique chez 21,3 % des sujets et même très pathologique chez 11,2 % d'entre eux. Des résultats similaires ont été obtenus concernant la qualité du sommeil, les scores élevés au questionnaire de Jenkins étant liés au nombre de réveils (p < 0,0002) et de levers nocturnes (p < 0,0001) ainsi qu'à la gêne provoquée dans la vie quotidienne (p < 0,0001). En revanche, l'échelle de qualité de vie a été moins démonstrative, peut-être parce que le SF-12 utilisé n'était pas très bien adapté à la pathologie étudiée.
Quoi qu'il en soit, cette enquête a bien montré l'importance de la gêne provoquée par la nycturie, notamment sur le sommeil. L'utilisation trop restreinte du catalogue mictionnel a également été mise en évidence, alors qu'il s'agit d'un outil essentiel pour la mise en place d'une stratégie thérapeutique adaptée.
D'après les communications de E. Chartier-Kastler (Paris) et P. Coloby (Pontoise).
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