IL ENSEIGNE, adore les statistiques et s'intéresse depuis plusieurs années aux résultats du concours de l'internat : en cette année, le Pr Yves Lanson s'en est donné à cœur joie.
Après s'être procuré toutes les statistiques des épreuves classantes nationales (ECN), le chef de service d'urologie du CHU de Tours a passé de longues heures à analyser dans les moindres détails les résultats de l'examen dont « la Presse médicale » (1) a publié la synthèse.
Un travail de fourmi rendu possible par la richesse des informations disponibles. « Dans le tableau résumant les données de ces ECN, les candidats étaient identifiés par leur nom, prénom, âge, UFR et ville d'origine, rang de classement, spécialité retenue et CHU choisi », explique le Pr Lanson. L'enseignant a ainsi pu établir la liste des spécialités et les facultés les plus attractives. Il a également classé les facultés et les étudiants les plus performants.
Exercice périlleux.
Parmi les onze spécialités offertes au concours (2), les spécialités médicales et chirurgicales ont été les plus prisées. « Les 380 postes de chirurgie ont tous été pourvus. Cette constatation infirme les rumeurs récentes qui annonçaient une démotivation des étudiants pour cette spécialité », analyse le Pr Lanson. A contrario, la santé publique et la médecine du travail ont été choisies en dernier par les candidats moins bien classés. Par ailleurs, de très nombreuses régions n'ont pas eu leur quota de candidats pour l'ensemble des postes de médecine générale ouverts. A l'échelle nationale, ce sont plus de 600 postes qui n'ont pas trouvé preneur. « Jusqu'à l'étudiant classé 2 537e, les candidats pouvaient choisir toutes les spécialités médicales, mais le lieu d'exercice était imposé », commente Yves Lanson. L'enseignant s'est attaqué à un exercice périlleux en établissant un classement des facultés selon leurs résultats. « Si l'on prend en compte le pourcentage d'étudiants inscrits à l'examen placés dans les 1 000 premiers, les facultés parisiennes de Necker - Enfants-Malades, Bichat-Beaujon, Broussais - Hôtel-Dieu et Kremlin-Bicêtre devancent Aix-Marseille, Angers et Toulouse. En revanche, si l'on prend en compte le rang moyen de sortie des étudiants dans chaque ville, Angers est en tête et cela toutes spécialités confondues », affirme le Pr Lanson.
Pour chacune des onze spécialités d'internat, le chirurgien a établi le palmarès des facultés. En s'inspirant des podiums olympiques, il a étudié les choix de villes de CHU par les trois premiers de chaque spécialité. Paris arrive largement en tête - la ville a été choisie 17 fois lors des trois premiers choix de chaque spécialité - devant Aix-Marseille (6).
« Des doyens vexés comme des poux ».
Le chirurgien tourangeau précise que « les données de cette étude sont préliminaires et qu'il faudra attendre plusieurs années avant de dessiner les grandes tendances ». La publication de ces classements, fondés sur des résultats incontestables, a déjà fait grincer des dents. « J'ai reçu plusieurs coups de fil de responsables pédagogiques et de doyens vexés comme des poux », assure le Pr Lanson. D'aucuns s'interrogent sur la pertinence d'une préparation adaptée aux ECN, comme l'étude de dossiers transversaux. Il serait intéressant de corréler les résultats des facultés avec l'enseignement qu'elles ont dispensé pour voir s'il y a un lien entre les deux. » Après avoir intéressé les enseignants, nul doute que les résultats de cette étude ont été scrupuleusement épluchés par les candidats des ECN amenés à choisir en ce moment leur spécialité d'internat.
(1) « La Presse médicale » du 18 juin 2005.
(2) Les spécialités d'internat : spécialités médicales, chirurgie, pédiatrie, médecine générale, anesthésie-réanimation, biologie, gynécologie-obstétrique, gynécologie médicale, psychiatrie, santé publique, médecine du travail.
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