POUR QUELS MOTIFS et en suivant quel parcours dans le système de soins les patients présentant une urgence non vitale arrivent-ils dans les services d'urgence ? Et y a-t-il un lien entre leur choix de se faire soigner aux urgences et non pas en ville et l'implication de la médecine générale locale dans la permanence des soins (PDS) ?
Ces questions, l'observatoire régional des urgences de Midi-Pyrénées (Orumip) se les est posées par le biais de trois enquêtes distinctes : l'une menée auprès de tous les patients ne relevant pas de l'urgence médico-chirurgicale vitale présents à une date donnée dans neuf services d'urgence (1), une autre s'intéressant à l'organisation de la PDS - et au niveau d'information des patients à ce propos - dans les mêmes secteurs, et une dernière, téléphonique, sondant cent médecins généralistes locaux.
Dans des secteurs où, à une exception près, la permanence des soins libérale fonctionne la nuit et le week-end, il apparaît que 40 % des patients venus aux urgences pour un motif non vital l'ont fait après avoir pris un avis médical. Cet avis leur a été donné par téléphone (une fois sur deux par le Samu) dans 44 % des cas. Les quatre patients sur dix qui ne viennent pas aux urgences de leur propre chef disent presque tous (94 %) être envoyés par leur médecin - 57 % ont d'ailleurs un courrier de leur praticien à présenter aux urgentistes, 65 % d'entre eux se rendent à l'hôpital aux heures d'ouverture des cabinets médicaux. L'Orumip note que les patients adressés par leur médecin sont plus âgés que les autres « et présentent plus souvent un motif non traumatique ».
60 % d'électrons libres.
Pour le reste, la majorité des patients (60 %) décide, sans consulter de médecin, d'aller aux urgences ; 39 % d'entre eux font ce choix seuls et l'expliquent par leur souhait d' « une prise en charge adaptée en l'absence de leur médecin » (58 % de ces « individualistes » vont aux urgences aux heures d'ouverture des cabinets médicaux) ; 21 % (essentiellement des moins de 18 ans) prennent l'option « urgences » après qu'une autre personne, essentiellement de la famille, a fait ce choix (eux aussi viennent majoritairement - 59 % - aux urgences aux heures d'ouverture des cabinets médicaux).
Changement de perspective avec le tableau de l'orientation vers les urgences que brossent non plus les patients, mais les médecins. Les généralistes expliquent que, en journée, leur attitude la plus courante quand ils sont sollicités pour une urgence non vitale est de demander au patient de se rendre au cabinet. Très rares sont ceux qui disent orienter directement les malades vers les services d'urgences : quelques-uns seulement expliquent qu'ils envoient directement et systématiquement vers les urgences « les malades qui les appellent pour des urgences traumatiques (entorse de la cheville, plaie de l'arcade sourcilière) ». Durant la garde, les choses changent, puisque 30 % des médecins disent qu'ils orientent directement les patients vers les services d'urgences la nuit et 25 % le week-end.
Pour l'Orumip, « le rapport des médecins à "l'urgence" est contrasté ». L'observatoire relève cependant des constantes dans le discours des généralistes. L'idée que les malades revendiquent une réponse « rapide, rassurante, de qualité, complète et la moins chère possible » en fait partie, tout comme l'aspiration (des médecins, cette fois) à une meilleure qualité de vie et à la reconnaissance de leur profession.
(1) 1 892 patients ont été interrogés entre le 10 et le 17 mars 2003.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature