Réunis à l'ENA à Strasbourg, les directeurs généraux de CHU ont évoqué les enjeux et les perspectives de la coopération européenne pour leurs établissements. Ils ont souligné les entraves qui en limitent encore le développement.
Nombreux, mais souvent pesants et complexes, les programmes de l'Union européenne sont souvent mal connus du monde hospitalier ou inadaptés à ses attentes : il est paradoxalement plus facile pour un CHU de coopérer avec un hôpital vietnamien ou chilien qu'avec un établissement italien ou allemand tant les procédures européennes sont longues. La coopération hospitalière européenne se fait encore au « coup par coup », observe le directeur général des hôpitaux universitaires de Strasbourg, Paul Castel, et souffre d'un manque de stratégie, alors qu'il existe une réelle demande, notamment en matière d'organisation des soins et de recherche.
De plus, selon le Pr Philippe Thibaut, secrétaire général de la conférence des doyens, cette coopération permet de confronter et d'évaluer les systèmes de santé des différents pays, et, pour un pays comme la France, d'exprimer ses spécificités par rapport à ses voisins.
Pour Daniel Moinard, président de la conférence des directeurs généraux de CHU, la volonté européenne des CHU est de plus entravée par le « manque de visibilité de la politique gouvernementale dans ce domaine ». Les hôpitaux français ne sont pas pour autant les seuls à se montrer « timides face à l'Europe », observait le directeur régional de l'hospitalisation d'Alsace, Jean-Louis Bonnet. « Les autres pays font preuve eux aussi d'un enthousiasme modéré dans ce domaine. »
De grands
enjeux
« Nous sommes désarmés car l'Europe de la Santé n'existe toujours pas », a répondu le directeur de l'Hospitalisation au ministère de la Santé, Edouard Couty, en rappelant l'inexistence de la santé dans les traités européens : « Même quand deux hôpitaux voisins veulent faire de la coopération transfrontalière, ils doivent passer par un traité entre leurs Etats », et cette réalité s'oppose à la volonté affichée par tous de créer une Europe de la santé.
Si de nombreux hôpitaux bénéficient de fonds européens, notamment liés au développement régional (FEDER) et aux fonds sociaux, ils ne doivent pas tout attendre du cadre institutionnel : « N'hésitez pas à faire votre propre lobbying, et à partir vous-mêmes à la rencontre de vos voisins et de l'Europe », s'est écrié Edouard Couty. Il a invité la Fédération hospitalière de France à se charger de ces missions. « La direction des Hôpitaux est prête à mieux coordonner leur politique internationale, car c'est en faisant mieux connaître notre système de santé à l'Europe et en découvrant celui des autres pays que nous trouverons des solutions pour l'avenir de nos structures », a-t-il poursuivi.
La présentation de nombreux exemples concrets de coopération entrepris en Europe a montré les avantages qu'elle peut apporter aux hôpitaux, même si tous les instruments existants sont loin d'être utilisés, notamment en matière de libre circulation des personnels.
A terme, pourtant, les hôpitaux européens n'auront d'autre choix que de travailler plus étroitement ensemble pour « anticiper les grands enjeux européens », y compris celui, certes encore lointain, d'une « libre circulation des patients ».
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