« On le savait déjà, mais nous avons voulu le prouver par des chiffres. » C'est le Dr David Faria, président du SNJMG (Syndicat national des jeunes médecins généralistes) qui s'exprime. Qu'a-t-il voulu prouver ? Le scepticisme des résidents et futurs « internes en médecine générale » à propos du sixième semestre de leur troisième cycle d'études, désormais long de trois ans.
Le SNJMG a profité des séances de tirage de stages par les résidents en mai dernier pour lancer une enquête auprès d'eux. « Ils ont rempli nos feuilles sur place et nous les avons ramassées aussitôt. C'était donc du contact direct », précise le président.
Quatre questions simples sur deux points - le terrain de stage et la rémunération - ont été posées aux résidents. Le sixième semestre sera-t-il ambulatoire ? Ou hospitalier ? Le stagiaire percevra-t-il un salaire ? Ou bien sera-t-il rémunéré selon ses actes ?
D'après l'enquête, 37 % des 678 personnes interrogées opteraient pour un sixième stage ambulatoire, 41 % préféreraient un stage hospitalier. Le syndicat traduit ces chiffres par une adhésion mitigée des internes au stage ambulatoire, précisant qu'une forte proportion des résidents ayant déjà réalisé leur stage chez le praticien reste néanmoins intéressée par le stage hospitalier. Effectuer ce dernier stage à l'hôpital plutôt que chez un praticien permettrait aux résidents de réaliser des stages dans des services qu'ils n'auraient pu choisir avant, faute de place ou du fait d'un mauvais classement (lors du tirage des stages).
Le SNJMG avance une seconde explication à cet intérêt pour l'hôpital : la qualité inégale des stages chez le praticien. Conclusion du syndicat : il faut laisser les résidents choisir leur terrain de stage. Et par conséquent, appliquer une interprétation très libre du « préférentiellement ambulatoire » qui définit, dans l'arrêté du 27 octobre 2001, le sixième semestre.
S'agissant de la rémunération, le mode salarial remporte la majorité des suffrages (55 %), même si un système d'émoluments en fonction des actes ne laisse tout de même pas indifférents 37 % des étudiants interrogés. Pour le SNJMG, « cela traduit l'incertitude sur le statut du stagiaire : doit-il rester interne ou prendre un statut de " faisant fonction de senior " ? ».
De cette étude, conclut le SNJMG, ressort « surtout une grande incertitude chez les résidents/internes en médecine générale » qui « s'explique surtout par le flou qui entoure la réflexion préparatoire à la mise en place de ce stage et parfois par des informations contradictoires données par les différentes facultés et/ou DRASS ».
Il s'agit là des premiers résultats de cette enquête, qui, au jour d'aujourd'hui, aurait recueilli près de 800 réponses. Selon le Dr Faria, les pourcentages sont assez homogènes d'une région à une autre et peuvent donc être considérés comme révélateurs d'une réalité française. Le SNJMG déclare ne pas s'opposer au principe même du sixième semestre. Mais « le mode ambulatoire du stage ne doit pas être obligatoire, sans quoi il risque de donner un caractère trop coercitif à ce dernier stage. Le sixième semestre est en friche et nous voudrions en faire quelque chose d'intéressant ». Pas question non plus que les stagiaires fournissent aux hôpitaux une main-d'uvre facile. Par ailleurs, les jeunes généralistes réclament que le maître de stage ne soit pas rémunéré sur les actes générés par le stagiaire au sein de son cabinet, pour ne pas faire de ce sixième semestre un « remplacement bon marché déguisé ».
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