A l'heure où beaucoup s'interrogent sur ce que recouvrent réellement les réseaux de soins, l'histoire du réseau Santé Sud Yvelines (RESSY) montre qu'une structure peut et doit se métamorphoser au fil du temps, pour s'adapter à un contexte changeant et à des nouveaux besoins.
RESSY fait partie de la « génération spontanée » de réseaux qui ont précédé les expérimentations mises en place par l'ordonnance Juppé du 24 avril 1996.
Tout a commencé en octobre 1992 par des sessions de formation continue destinées aux médecins généralistes, organisées par le Comité des Yvelines d'Education pour la Santé (CYES) et l'association Infos-Soins. Cette formation était consacrée au suivi des personnes touchées par le VIH. Elle a débouché sur des réunions régulières avec un chef de service de l'hôpital André-Mignot (CH de Versailles) mais aussi d'autres professionnels : travailleurs sociaux, responsables de laboratoires d'analyses, pharmaciens. En 1994, un réseau ville-hôpital est officiellement créé à Saint-Quentin-en-Yvelines, donnant naissance à l'association RESSY Ouest, qui signifie alors réseau Santé Sida Yvelines Ouest.
Dans un premier temps, le réseau se spécialise en effet dans l'accompagnement médical, psychologique et social des malades du SIDA.
Cependant, « jusqu'à la fin de 1996, le réseau était uniquement tourné vers les professionnels », explique le Dr Alain Sichel, médecin généraliste salarié au centre de santé municipal de Trappes, qui fut le président à la fin de 1996, grâce au soutien de la DDASS, RESSY peut enfin embaucher une coordinatrice, Monia Lambert. Au même moment, le réseau commence à partager un local à Versailles avec les deux structures qui l'ont parrainé depuis le début, à savoir le CYES et Infos-Soins, mais également un « frère jumeau », le réseau Mignot Sud Yvelines (REMISY). RESSY ouvre alors ses services au public, notamment grâce à des permanences téléphoniques qui fournissent des renseignements sur les maladies, les soins, les dépistages, et les ressources locales (médecins, infirmières...). Le réseau RESSY s'engage ensuite dans un autre tournant en installant en décembre 1999 une maison communautaire de santé à Montigny-le-Bretonneux, appelée la « Maison du ginkgo », du nom du plus ancien arbre de la planète, qui est un symbole de vie dans certaines civilisations. Centre de dépistage anonyme et gratuit du SIDA et de l'hépatite C, la « Maison du ginkgo » diversifie ses activités avec des séminaires de formation, des actions de prévention, des ateliers santé (relaxation, cuisine diététique, groupe de parole...). Peu à peu, RESSY a donc élargi son action en faveur de tous les patients souffrant de pathologies lourdes : hépatite C, diabète, handicaps ou dépendances diverses.
Le problème du financement
En 2001, pour plus d'efficacité, le réseau RESSY et son frère jumeau REMISY fusionnent pour devenir le réseau Santé Sud Yvelines. Le dernier tournant en date concerne le mode de financement. Jusqu'à présent, le réseau vivait de la cotisation des quelques 600 adhérents (environ 100 F par an), de subventions de l'Etat ( via la DDASS et la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) et d'une aide importante du Syndicat de l'agglomération nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines. Mais « aujourd'hui, du côté de l'Etat, c'est le grand brouillard, alors que du côté de l'assurance-maladie, c'est beaucoup plus clair », souligne le Dr Sichel.
RESSY s'apprête donc à déposer un dossier auprès de l'Union régionale des caisses d'assurance-maladie d'Ile-de-France, afin d'obtenir un financement du Fonds d'aide à la qualité des soins de ville (FAQSV). Le FAQSV « peut permettre certaines dérogations tarifaires pour faire reconnaître et rémunérer le temps de coordination », précise le Dr Sichel.
En attendant, les professionnels qui participent au réseau affirment y trouver leur compte. L'actuel président de RESSY, Jean-François Luiggi, chirurgien-dentiste, s'est engagé dans le réseau, « pris un peu dans un tourbillon », mais apprécie ses rencontres avec des « praticiens d'une qualité exceptionnelle et des malades dotés d'une volonté de fer ».
Pour le Dr Sichel, qui consacre « beaucoup de soirées » au réseau, notamment en travaillant sur son site Web, RESSY permet de suivre des malades avec des problèmes sociaux lourds, alors qu'il les aurait auparavant « renvoyés vers l'hôpital » en l'absence de soutien et de coordination avec d'autres professionnels. Quant au Dr Michel Villiers-Moriame, généraliste à Guyancourt, il se montre satisfait de ses réunions avec d'autres professionnels non médecins et de la documentation en toxicomanie qu'il puise sur le site Internet du réseau. « Le réseau n'a pas changé ma pratique, assure le Dr Villiers-Moriame, mais cela apporte un plus. »
Pour en savoir plus : Tél. 01.39.30.44.99. Site Web de RESSY : www.ressy.org
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