Absentéisme, perte d'efficacité

Les répercussions sur le travail de l'hyperactivité de l'adulte

Publié le 27/05/2008
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EN SE FONDANT sur une analyse d'autoquestionnaires adressés à plus de 7 000 personnes qui vivent et travaillent dans dix pays (Belgique, Colombie, France, Allemagne, Italie, Liban, Mexique, Pays-Bas, Espagne et États-Unis), l'équipe du Dr de Graaf (Utrecht, Pays-Bas) conclut que, pour améliorer la productivité des travailleurs, il serait utile de proposer des tests de dépistage de l'hyperactivité des adultes et de traiter les sujets affectés. Leur travail montre que 3,5 % des adultes de 18 à 44 ans qui travaillent souffrent de cette pathologie telle qu'elle est décrite dans le DMS-IV. Cette proportion semble plus élevée que chez les personnes qui travaillent à domicile (1,9 %) ou que chez les étudiants (2,2 %), mais plus faible que chez les chômeurs (5,5 %).

La quantité de travail quotidien.

Les sujets qui souffrent d'hyperactivité s'absentent plus souvent de leur travail que les autres (8,4 jours en moyenne). Leur efficience au travail est elle aussi affectée puisque, en moyenne, leur qualité de travail est moins bonne pendant 13,6 jours par an et la quantité de travail quotidien qu'ils effectuent est diminuée par rapport aux sujets témoins pendant 21,7 jours par an. Les auteurs ajoutent que le nombre de sujets traités pour cette pathologie reste faible (de 0 % en Belgique, Colombie, France, Allemagne, Espagne, Italie, Liban, Mexique à 2,7 % aux Pays-Bas et à 12,6 % aux États-Unis). Pourtant, l'équipe du Dr de Graaf explique que certains traitements permettent de limiter les problèmes de concentration, d'inattention ou d'impulsivité des sujets souffrant d'hyperactivité. Les auteurs soulignent par ailleurs que ces derniers reçoivent souvent de façon concomitante un traitement à visée émotionnelle prescrit par un médecin généraliste ou par un service de santé mentale : de 3,5 % en Belgique à 43,3 % aux États-Unis en passant par 5,8 % en France. Il convient de noter que, au Liban et au Mexique, aucune des personnes interrogées ne déclare recevoir de traitement à visée psychologique.

Dans sa conclusion, le Dr de Graaf souligne que «les déficits de l'attention sont de bons candidats pour la mise en place de programmes de détection et de traitement dans le cadre du travail. Il est nécessaire d'effectuer une évaluation afin de déterminer quelles sont les bonnes pratiques dans ce domaine et quelles pourraient être les pistes thérapeutiques les plus adaptées à l'amélioration des performances au travail. Il faudrait aussi qu'elles s'accompagnent d'un retour sur investissement positif pour les employeurs».

Quelques biais à connaître.

Mais pour arriver à ces conclusions, les auteurs soulignent dans leur discussion que l'étude qu'ils ont mise en place connaît quelques biais. En premier lieu, les critères utilisés pour l'étude – ceux du DSM-IV – ont été développés pour reconnaître les enfants qui souffrent de ce trouble de l'attention associé à une hyperactivité. Or il est possible que, chez l'adulte, d'autres variables doivent aussi être prises en compte. De ce fait, la prévalence de cette affection pourrait être différente dans la population des plus de 18 ans. En deuxième lieu, les auteurs se sont fondés sur des autoquestionnaires. Or, chez les enfants, le diagnostic n'est établi qu'après avoir pris en compte l'avis des parents et des enseignants. Mais il paraît difficile chez les adultes d'imaginer une telle approche faisant intervenir des tierces personnes. Enfin, les éléments diagnostiques ont été développés spécifiquement pour les États-Unis. Il est possible que les critères doivent être adaptés de façon spécifique pour pouvoir être utilisés dans d'autres pays.

« Occup Environ Med », on line.

> Dr ISABELLE CATALA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8379